Le phénomène Amma envoûte les foules partout dans le monde ; mais qui est cette sage, et qu’enseigne-t-elle par ses étreintes ?

« Le phénomène Amma envoûte les foules ».

Paris Match

« Amma, l’empire du câlin »

Le monde diplomatique

« Amma, l’étreinte du monde à Toulon » …

Honorée par les Nations unies, invitée par le pape François, célébrée par les médias du monde entier, la gourou indienne Amma attire les foules, inspire les artistes et côtoie les plus grands dirigeants de la planète.

Mais qui est-elle réellement, et quel est son enseignement ?

Les débuts d’Amma

Amma est née en 1953 dans une famille pauvre de pêcheurs du Kérala, dans le sud de l’Inde. 

Sudhamani – c’est ainsi qu’Amma s’appelait alors – se faisait remarquer lorsqu’elle était une petite fille.

Quand les autres enfants jouaient, elle méditait pendant des heures sans que personne ne le lui ait appris.

Dans les chansons qu’elle créait, elle exprimait son amour pour Dieu.

Pour une enfant de son âge, les chansons étaient d’une profondeur et d’une sagesse exceptionnelles.

En Inde, la vénération du divin par la musique fait partie de la tradition. 

Enfant, Amma a découvert seule le chemin du Bhakti Yoga (Yoga de la dévotion) sans avoir reçu d’éducation à ce sujet.

Sa famille ne pouvait pas comprendre cette enfant spirituelle.

Amma explique : 

« En Inde, on attend d’une femme qu’elle soit discrète et on dit que même les murs ne devraient pas l’entendre. Ma famille ne pouvait comprendre que je sois si ouverte et avenante, ils ignoraient totalement les principes de base d’une attitude spirituelle. »

Quand sa mère tomba malade, à l’âge de neuf ans, Amma dut quitter l’école pour s’occuper des tâches ménagères et de ses sept frères et sœurs. 

Alors qu’elle ramassait au village les restes des repas pour ses vaches, elle fut confrontée à la grande pauvreté des gens. Elle se rendit compte que beaucoup de personnes souffraient. Amma apportait à ces personnes démunies de la nourriture et des vêtements de chez elle, ce que n’appréciaient pas ses parents ! 

Pour Amma, la spiritualité et l’amour des autres passent devant les codes

Ce qui choquait le plus les parents de Sudhamani était le fait que leur fille étreignait des personnes complètement étrangères pour les réconforter.

Car une jeune fille indienne ne doit pas toucher d’autres personnes, encore moins celles d’une autre caste et surtout pas des hommes. 

Sudhamani faisait ce qu’elle sentait devoir faire, tout simplement. 

« Par moi coule un fleuve incessant d’amour »

 dit-elle plus tard. 

Rien ne pouvait l’arrêter : ni les coups de ses parents, ni l’hostilité de son frère aîné.

Amma et les expériences spirituelles

Les biographies qui lui sont consacrées rapportent aussi de précoces expériences spirituelles.

Krishna jouant de la flûte

L’intensité de sa dévotion à Krishna se serait manifestée très tôt et elle serait parvenue à l’identification totale avec Krishna.

En 1975, se serait produite pour la première fois sa transformation extérieure en Krishna : durant ces manifestations, elle “devenait” Krishna et se comportait comme lui, “transformant ses traits et ses mouvements” en ceux de Krishna lui-même.

Ses parents interprétèrent d’abord cela comme des possessions, destinées à cesser tôt ou tard.

Par la suite commencèrent à survenir aussi des manifestations de la Mère Divine (Devi Bhava Darshan).

On finit par reconnaître qu’elle était « hors du commun ». 

Il se constitua finalement autour de Soudhamani le noyau d’un ashram, très modeste et pauvre au départ, grâce au don d’un lopin de terre par son père.

Progressivement, ses parents devinrent en effet ses disciples, malgré leur initial rejet. Le 6 mai 1981, l’embryon d’un mouvement fut constitué sous le nom de Mata Amritanandamayi Mission.

Ce fut également à partir de ce moment que la jeune femme adopta officiellement le nom de « Mata Amritanandamayi », que lui donna un de ses fils-aspirants.

Depuis, son action s’est étendue au-delà de l’Inde et touche le monde entier.

Amma figure humanitaire et spirituelle 

En Inde, la tradition veut qu’on adore en tant que manifestation du divin, une personne qui rayonne d’une faculté d’amour et d’une sagesse particulières.

La vénération s’adresse au divin dans cette personne, et non à son ego ou à son corps. Comme l’or qui a une apparence différente dans chaque bijou, mais qui ne se distingue pas du point de vue de sa substance.

Amma donnant le darshan

Amma lutte pour l’égalité de tous, tant pour les membres des castes dites inférieures que pour les femmes

Dans l’Inde moderne, le fait qu’Amma étreigne les foules reste considéré comme un acte révolutionnaire parce qu’elle passe outre le système des castes avec ses règles de pureté ainsi que les structures hiérarchiques, comme celles qui existent entre maître et disciple. 

Tous les jours, comme dans son enfance, Amma travaille pour l’égalité des droits des femmes et des membres de castes dites inférieures.

En effet, grâce aux dons et à l’aide d’un grand nombre de volontaires, Amma a fondé un des plus larges réseaux d’œuvres caritatives en Inde et aussi à l’international, qui a un statut d’ONG. L’ONG Mata Amritandamayi Math (opérant maintenant sous le nom d’Embracing The World) a pour but d’aider les gens en détresse, indépendamment de leur origine sociale, culturelle, religieuse.

Depuis 2005 cette organisation jouit d’un statut consultatif auprès du conseil économique et social de l’ONU. 

L’argent collecté par sa fondation sert à financer écoles, universités, services d’urgence, hôpitaux, centres de recherche, hospices, centres pour malades du sida, des milliers de maisons données aux sans-abris, des milliers de saris distribués à des femmes pauvres, de nombreux avocats pour défendre des droits des pauvres, le mariage gratuit de couples etc. L’argent brassé est énorme, et certains de ses détracteurs lui reprochent l’opacité de ses comptes.

Depuis le Tsunami de décembre 2004, qui a touché son ashram mais sans faire de victimes, elle a mené et mène toujours une action de soutien spirituel et d’aide matérielle remarquable en Inde et au Sri Lanka.

« Mahatma », une grande âme

Aujourd’hui, dans son pays, Amma est considérée comme Mahatma (Grande Âme en sanskrit). 

La notion de Mahatma se rapporte à un être humain dont la conscience a atteint l’éveil. Cette personne a dépassé la peur, la souffrance, l’agitation née des pensées incessantes. Elle a développé la sérénité et l’équanimité. 

Cette réputation va désormais bien au-delà des frontières indiennes. Depuis 1986, Amma est invitée régulièrement à l’étranger et se rend ainsi chaque année en Europe, aux États-Unis, au Japon, en Australie, en Malaisie, etc.

Elle bénéficie également d’une large reconnaissance internationale au niveau institutionnel.

Elle a prononcé des discours dans plusieurs conférences officielles, et notamment à l’ONU en 1995 et 2000. Pour son engagement humanitaire et ses efforts en faveur du dialogue inter-religieux, Amma est honorée en 2002 par le prix Gandhi/King de la paix à Genève.

En 2006, à New York, elle reçoit le quatrième prix inter-religieux James Morton.

Ce ne sont que deux exemples, car l’action humanitaire et le message de Mata Amritanandamayi lui ont valu de très nombreux prix et distinctions.

Dans les 30 dernières années, Amma a étreint et réconforté plus de 37 millions de personnes. 

À la question de savoir d’où elle tire la force de s’occuper de tant de gens et de construire en même temps une œuvre caritative si impressionnante, elle a l’habitude de dire : 

« Si tu éprouves vraiment de l’amour dans ce que tu fais, tu ne ressens pas la fatigue ».

L’enseignement d’Amma, Mata Amritanandamayi

Amma donnant le darshan à 2 personnes

Son enseignement repose sur les voies traditionnelles de la non-dualité -advaïta védanta- et de la dévotion -bhakti.

Dans cette perspective rapprochée du néo-védanta, l’essence de chaque individu est ātman, laquelle est identique à brahman, l’essence de l’univers. Ainsi selon Amma, 

« nous sommes tous un »

 constitués de la même essence, et cela a comme implication que nous devrions traiter les autres comme nous-même.

L’amour et Amma

La base de son message est l’amour de tous les êtres et la compassion. Amma préconise la pratique du service désintéressé -sevā- qui selon elle permet aux dévots de réduire leur karma négatif, favorisant ainsi leur progression vers la libération.

 Quand on lui demande quelle est sa religion, elle répond que c’est l’Amour. Elle ne demande à personne de croire en Dieu ni de changer de religion ; elle nous demande simplement de chercher à connaître notre nature réelle et d’avoir foi en nous-mêmes.

« L’amour est notre véritable essence. L’amour ne connaît pas de frontières de caste, de religion, de race ou de nationalité. Nous sommes tous des perles enfilées sur le même fil de l’amour ».

Que l’on partage ou non sa foi en la puissance de l’amour et en la réalité du changement intérieur des millions de gens qu’elle a embrassés, on est obligé de reconnaître que serrer dans ses bras, jour après jour, depuis trente ans, sans se lasser, avec bonté et compassion, des millions de personnes représente une performance spirituelle absolument étonnante.

Elle enseigne que le Divin est présent dans tout ce qui est, animé comme inanimé.

Percevoir l’Unité qui sous-tend tout ce qui existe est non seulement l’essence de la spiritualité, mais aussi le moyen de mettre fin à toute souffrance.

Films sur Amma

Le film de Jan Kounen a été présenté au Festival de Cannes 2005 sous le titre Darshan, dont la projection a eu lieu en France de décembre 2005 à Février 2006 essentiellement.

Claude Lelouch lui a également consacré un film, avec Elsa Zylberstein et Jean Dujardin : Un + une.

Amma avec 2 enfants

Quelques paroles d’Amma

Mes enfants, la Nature est un livre à étudier : chaque objet de la Nature est une page de ce livre.

Les actions de l’homme conditionnent la bonté de la nature.

Mes enfants, de nos jours, on trouve partout une surabondance de discours spirituels, mais il n’en résulte aucun bienfait précis. Si tout le temps qu’on passe à préparer ces discours était consacré à la méditation, ce serait bien plus utile.

Puisque toute chose est en Dieu, tout le monde est une incarnation. Les Jivas sont ceux qui, ne sachant pas qu’ils font partie de Dieu, pensent : « je suis mon corps, voici ma maison, ma propriété. »

Mes enfants, on ne devrait pas avoir d’antipathie envers ceux qui commettent des actes immoraux ; notre aversion devrait porter sur les actes, non sur leurs auteurs.

Nous venons de Dieu. Une vague conscience de cette vérité est présente en nous. Cette conscience doit devenir pleine et complète.

Mes enfants, Amma ne dit pas que vous devez croire en elle ou en Dieu trônant au paradis. Il vous suffit de croire en vous-même. Tout est en vous.

Une interview d’Amma

Si vous souhaitez entendre directement Amma et son enseignement, vous pouvez regarder cette interview, réalisée à Toulon lors de son tour d’Europe en 2012 :

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