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Krishnamacharya, le père du yoga moderne

Krishnamacharya

Krishnamacharya est probablement celui grâce à qui vous connaissez aujourd’hui le yoga ! Il a su allier tradition et modernité, pour réveiller cette pratique.

Vous connaissez sans doute BKS Iyengar, Pattabhi Jois, Desikachar, Indra Devi … qui ont amené le yoga en Occident. Tous ont été formés par Krishnamacharya, sans qui vous ne connaîtriez peut-être pas le yoga aujourd’hui.

La somme de ses connaissances est absolument époustouflante. Il a réveillé le yoga en Inde, qui était qui était alors une pratique en train de disparaître, en le faisant sortir des cadres traditionnels.

Bien que lui-même n’ait jamais quitté l’Inde, c’est lui qui a incité ses plus brillants élèves à aller en Occident pour y faire connaître le yoga.

Si vous voulez aller plus loin dans l’étude de la philosophie indienne, vous pouvez vous former avec moi lors de la formation de professeur de yoga initiale, ou avancée.

Jeunesse et études de Krishnamacharya

Son enfance 

Krishnamacharya est né en Inde en 1888 ; son père était un professeur reconnu des Veda, et de Shrimati Ranganayakamma.

Krishnamacharya commence à apprendre à parler et à écrire le sanskrit avec son père dès l’âge de cinq ans, selon la tradition dans les familles brahmanes.  son père le réveillait à 2 h du matin pour lui faire réciter les Védas et le faire pratiquer les asanas.

Il perd son père très jeune, à dix ans. C’est alors son arrière grand-père, pontife d’une institution vishnouite très respectée, qui continue son éducation traditionnelle.

Il dit avoir reçu à douze ans, les enseignements originels du yoga Rahasya, un long texte yogique perdu, en ayant eu la vision d’un ancien sage (également un de ses ancêtres), Nathamuni.

Selon la tradition, Nathamuni était lui-même entré en contact, lors d’une méditation, avec un ancien sage, et avait retrouvé lui-même des vers à la gloire de Vishnu qui avaient été perdus.

Nathamuni écrivit et diffusa également ses propres textes, notamment le Yoga-rahasya, les secrets du Yoga, où il apprend comment adapter le yoga aux différents âges de la vie.

Egalement l’importance du yoga pour les femmes, spécialement celles qui sont enceintes,  ainsi que le rôle du yoga dans le processus de guérison.  L’aspect guérison sera très important ensuite dans l’enseignement de Krishnamacharya.

Afin qu’il puisse bénéficier d’une éducation plus soutenue, sa famille part alors s’installer à Mysore, pour qu’il puisse commencer une instruction plus formelle. 

Études universitaires 

À l’âge de dix-huit ans, Krishnamacharya quitte ses parents pour rejoindre l’université à Bénarès (Varanasi). 

Il étudie alors successivement la logique et le Sanskrit :  il travaille auprès de l’un des plus grands grammairiens de l’époque. Il se penche également sur le Vedanta, le Yoga sutra, ainsi que la veena -un des plus anciens types de violon en Inde.

Il suit alors des classes au Queens College, où il obtient plusieurs certificats d’enseignement.

Pendant la première année, il a peu d’aide de sa famille, il suit donc les règles des mendiants religieux : il doit approcher seulement 7 familles par jour et offrir une prière « en échange de la farine de blé pour la mélanger avec de l’eau et en faire des galettes. »

Il obtient finalement une bourse (très sélective), puis devient professeur.

Il étudie ensuite les six darshanas, ou philosophies Védiques : il reprend l’étude du Vedanta, des Upanishads, de la Bhagavad Gita …

La pratique de yoga de Krishnamacharya

Krishnamacharya

Pendant toute cette période, Krishnamacharya continue de pratiquer le yoga que son père lui a enseigné quand il était un jeune garçon. Plusieurs de ses instructeurs ont décelé ses aptitudes dans cette discipline, ont encouragé ses progrès et lui ont demandé d’enseigner à leurs enfants. 

Pendant les périodes de vacances, il fait des pèlerinages dans l’Himalaya. Et c’est lors d’un de ces voyages qu’il décide de rencontrer Sri Ramamohan Brahmachari, un professeur de yoga réputé vivant dans les montagnes. 

Le Tibet 

Pour obtenir l’autorisation de se rendre au Tibet, il donne au vice-roi des cours de yoga pendant 6 mois, met son diabète sous contrôle, et obtient ainsi l’autorisation tant attendue.

Krishnamacharya part alors au Tibet à pied, finit par trouver l’école de Sri Brahmachari au Tibet, en fait une simple caverne au pied du mont Kailash. Il y étudiera sept ans et demi, de 1914 à 1922.

Son maître lui enseigne la patience et l’humilité ; il lui enseigne intensément les asanas, les pranayamas, les aspects thérapeutiques du yoga, et les textes traditionnels, oralement. 

Krishnamacharya apprend par cœur et comprend intimement le Yoga-sutra, le Yoga-kuranta (texte en népalais) ainsi que d’autres textes importants du Yoga. 

Le Yoga-Kuranta explique comment adapter les asanas et le pranayama selon les besoins des personnes, et comment utiliser certains accessoires pour aider au processus de guérison.

Selon la tradition, à la fin de ses études avec Sri Ramamohan, Krishnamacharya lui demande comment le payer de son enseignement ; c’est ce qu’on appelle le « Le Guru daksina », l’élève doit absolument respecter ce qui lui est demandé.

Ramamohan lui répond qu’il doit

« prendre une épouse, élever ses enfants et devenir un professeur de yoga. »

De retour en Inde, Krishnamacharya continue ses études 

Du Tibet, Krishnamacharya retourne en Inde étudier l’Ayurveda, la pratique médicale traditionnelle de l’Inde, ainsi que Nyaya, une école Védique de la logique. 

Il passe certains examens sans même avoir assisté aux cours.

De retour à Bénarès, Krishnamacharya est sollicité par de nombreux rois, impressionnés par ses connaissances ; on lui propose divers postes prestigieux. 

Il décide alors que sa formation est terminée et que le moment est venu de s’installer à Mysore pour tenir la promesse fait à son guru. 

Il est diplômé de toutes les écoles de philosophie indienne, il est également expert en Ayurveda, astrologie, musique, expert en plusieurs langues et autres disciplines annexes, plus de l’enseignement incomparable de son maître.

L’ enseignement de Krishnamacharya

Le maharaja de Mysore 

En 1924, le Maharaja de Mysore l’invite à ouvrir une école de yoga où il va enseigner jusqu’en 1955. Celui-ci voit dans le yoga une aide pour traiter ses nombreux maux. Le Maharaja est si impressionné par Krishnamacharya qu’il l’invite à l’enseigner à la famille royale et lui donne l’aile d’un palais voisin pour ouvrir une école de yoga. 

Respectant les instructions de son maître, il se marie, et aura 6 enfants. Un de ses neveux est BKS Iyengar.

L’enseignement dans sa Yoga shala est très diversifié : il y a des cours pour les garçons, les filles (ce qui, traditionnellement, ne se fait pas du tout) ou les adultes, des cours pour les personnes en bonne santé comme celles qui nécessitent une aide thérapeutique. 

Il donne également des consultations privées dans une petite pièce voisine de l’école. 

Aux groupes de jeunes, dont font partie B.K.S Iyengar  et Pattabhi Jois , il apprend des postures dynamiques organisées en enchaînements (ce qui est connu aujourd’hui comme Ashtanga Vinyasa Yoga).

Ces jeunes élèves font souvent des démonstrations pour le roi qui lui demande de compiler toutes les postures enseignées.

Il devient bientôt le conseiller de confiance du Maharaja, et est bientôt autant recherché comme instructeur que comme guérisseur de yoga. 

Adaptabilité et modernité de Krishnamacharya

Krishnamacharya adapte son enseignement précisément en fonction de ses élèves. Il n’enseigne pas de la même manière à des enfants, des jeunes gens, ou des femmes enceintes.

D’ailleurs, ce qui est d’une grande modernité à son époque, il estime le yoga infiniment précieux pour les femmes :

« La gent féminine est supérieure car elle créé et engendre. Je considère que ce n’est pas pour elle un droit mais un devoir de pratiquer le Yoga. »

Il accorde une importance particulière au

Pranayama 

il disait souvent : 

« Pour guérir les maladies de ton corps, utilise ton corps. Pour guérir les fluctuations du mental, pratique le pranayama ».

Le Vinyasa

est également caractéristique de son enseignement. Il a été le premier maître de Yoga au XXème siècle à introduire cette notion.

Une Vinyasa consiste à passer d’une posture à une autre en y associant la respiration. Nous retrouverons ce principe dans l’Ashtanga vinyasa yoga.

Pédagogie de Krishnamacharya

Krishnamacharya s’applique à lui même et exige de ses élèves la patience, l’exigence, la foi et l’humilité ; mais, comme il le répète à ses élèves, la foi n’est pas tout : le processus de guérison exige aussi la capacité, le courage d’assumer.

Cette grande rigueur, qu’il s’applique également à lui-même, ne va pas sans une certaine brutalité : BKS Iyengar, Pattabhi Jois ou son fils Desikachar, pour ne citer qu’eux, en ont tous fait les frais, les témoignages sont unanimes. Le maître a traditionnellement tout pouvoir sur l’élève ; selon la tradition, l’élève admire son maître, le tient en dévotion, et doit tout accepter avec humilité, cela fait partie de l’apprentissage. Bien entendu cela est loin de la psychologie moderne

Sa pratique personnelle de yoga

Krishnamacharya n’a jamais négligé sa pratique personnelle : tous les jours, il se lève vers trois heures du matin, et pratique asanas et pranayama. Ensuite, vers cinq heures, il fait sa puja à sa divinité personnelle, puis chante des Védas.

Je vous conseille de regarder cette démonstration de yoga qu’il fait, alors qu’il est âgé de 50 ans, c’est impressionnant :

Ou bien cette séquence de Yoga Vinyasa :

Dès 1945, Krishnamacharya avait réussi à raviver l’intérêt pour les enseignements du yoga -qui était en train de disparaître- non seulement à Mysore mais dans tout le reste de l’Inde. 

Il y est parvenu grâce à ses voyages, ses enseignements, ses conférences, ses démonstrations et sa pratique thérapeutique. Le soutien du Maharaja de Mysore lui a aussi été précieux.

Fin de la  vie de Krishnamacharya

Suite à l’indépendance de l’Inde en 1947, un des premiers actes des nouveaux politiques indiens est de détrôner le Maharaja mettant fin à son long règne. Krishnamacharya perd alors son soutien.

Krishnamacharya quitte donc Mysore, et se rend à Bangalore pendant deux années, puis est invité par un avocat renommé à se rendre à Chennai une des plus grandes villes de l’Inde, afin de l’aider à guérir d’une paralysie. À l’âge de 60 ans, la réputation de Krishnamacharya de professeur strict et intimidant s’est adoucie. 

Il développe un aspect compatissant, plus doux, de l’enseignement. Son fils Desikachar a été beaucoup influencé par cette plus grande douceur dans son enseignement.

Krishnamacharya a habité et a enseigné à Chennai jusqu’à sa mort en 1989 à l’âge de 101 ans

Bien que beaucoup l’aient considéré comme un grand maître de yoga, lui continuait à s’appeler « élève » parce qu’il s’estimait toujours « étudiant, explorant et expérimentant » la pratique.

En 1984, à 96 ans T. Krishnamacharya se casse le col du fémur en tombant et, grâce à une pratique spécifique, il retrouve une bonne mobilité corporelle. Ceci démontre l’efficacité d’une pratique de yoga adaptée.

Il a également écrit de nombreux livres : ses écrits majeurs sont le Yoga Makaranda (1934), le Yoga-asanagalu (suite du Yoga Makaranda, 1960), le Yoga Rahasya et le Yoga-walli

Il a également écrit des essais sur la santé, l’ayurvéda, les rites et mantras ainsi que de nombreux poèmes.

Le Yoga en tant que thérapie

Krishnamacharya pensait que le yoga était le plus grand cadeau de l’Inde au monde.

Le physique est la base indispensable pour aller plus loin

Bien que beaucoup de gens aient approché le yoga à l’époque comme une pratique spirituelle, Krishnamacharya y a également incorporé beaucoup de soins physiques parce qu’il est difficile qu’une personne progresse spirituellement  si elle souffre de beaucoup d’inconfort dû aux maladies. 

Approche individualisée

Par les enseignements que Krishnamacharya a reçu de son père et d’autres instructeurs, il s’est rendu compte que chaque personne est « absolument unique« , il estimait que la partie la plus importante de l’enseignement du yoga était qu’on doit 

 » enseigner à l’étudiant selon sa capacité au moment présent. « 

Autrement dit, la voie d’accès du yoga doit s’enseigner de 

« manières différentes pour des personnes différentes ». 

Chaque personne doit recevoir un enseignement qu’elle comprenne clairement.

En raison de cette approche individualisée, il est impossible d’expliquer entièrement le processus d’enseignement de Krishnamacharya tant sa variété est grande.

Pratique ayurvédique holistique 

Krishnamacharya était non seulement un instructeur de yoga, mais était également un praticien de médecine ayurvédique, détenteur d’une énorme connaissance de la nutrition, de la médecine des herbes, des huiles et autres remèdes. 

Sa formation très complète lui permettait une approche holistique des personnes sollicitant son aide.

Quand il commençait à travailler avec une personne, il menait un examen très détaillé pour choisir la voie la plus efficace. Il prenait le pouls, examinait la couleur de la peau, écoutait la qualité du souffle, entre autres choses. Pendant le diagnostic, Krishnamacharya recherchait ce qui avait dérangé ou gêné l’union harmonieuse du corps, de l’esprit et du spirituel. 

Quoiqu’une maladie soit localisée dans une zone particulière, il savait qu’elle retentissait sur beaucoup d’autres systèmes dans le corps.  Sur mental aussi bien que sur le  physique. Après la première entrevue, il demandait par la suite à la personne si elle pourrait suivre ses conseils. Si la réponse était « oui » la médiation curative commençait.  Mais si la personne montrait de l’hésitation il la renvoyait, car il savait qu’il y a fait peu de chance de guérison.

Une fois qu’une personne commençait à voir Krishnamacharya, il travaillait avec elle à un certain nombre de niveaux :

  • Un réglage alimentaire
  • Des remèdes à base des plantes ayurvédiques
  • Une série de postures de yoga qui lui serait bénéfique. 

Dans sa pratique et son enseignement de yoga, Krishnamacharya a en particulier souligné l’importance de combiner le travail du souffle (pranayama) avec les postures (asana) de yoga et la méditation (dhyana) pour atteindre le but désiré

Je me sens totalement en accord avec cela en Green Yoga ®.

Il continuait à voir la personne approximativement une fois par semaine pour surveiller ses progrès jusqu’à ce qu’elle soit guérie.

Conclusion

Krishnamacharya soutenait que les textes de yoga les plus importants étaient les Yoga Sūtra de Patanjali, le Yoga Rahasya de Nathamuni et la Bhagavad-Gītā. Cependant  sa plus grande force était sa capacité à prendre l’enseignement classique du yoga et de la philosophie indienne et de les combiner dans un cadre moderne. 

Jusque là, le yoga se transmettait traditionnellement de maître à élève, dans les familles de brahmanes, entre hommes. Krishnamacharya l’a rendu accessible au plus grand nombre, en choisissant de bousculer la tradition : il enseigna le yoga à ses filles et ouvrit des cours collectifs.

C’est ainsi qu’il a pu raviver la pratique du yoga pour la rendre précise et puissante, en Inde comme en Occident.

Son oeuvre perdure aujourd’hui à travers ses prestigieux élèves, et la transmission qu’ils ont mise en place.

Un film a été réalisé sur Krishnamacharya ; il s’agit du Souffle des Dieux  :

« Le yoga moderne, celui qui est pratiqué quotidiennement par des dizaines de millions de personnes à travers le monde, descend directement du dieu Shiva selon la tradition indienne. Historiquement cependant, une des formes modernes du yoga remonterait au début du vingtième siècle sous l’inspiration d’un érudit indien T. Krishnamacharya (1888-1989).

C’est cette histoire beaucoup moins connue que raconte ce film. Nous découvrons ici la vie et les enseignements de Krishnamacharya à travers les yeux du réalisateur Jan Schmidt-Garre. Celui ci est parti en quête des origines du courant de yoga le plus pratiqué au monde. Son voyage le mène des célèbres étudiants et parents de Krishnamacharya à la source du yoga moderne, le palais du Maharaja de Mysore. Il y découvre les différents styles et méthodes d’enseignement des maîtres yogis.

Ce documentaire est composé tout à la fois d’images d’archives très rares et de magnifiques reconstitutions. »

Vous pouvez en voir la bande annonce ici :

 

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