Krishnamurti, messie, gourou, penseur, philosophe ? Ou au-delà ? Il le déniait avec vigueur … tout en étant considéré comme tel !
Jiddu Krishnamurti a vécu au XXème siècle, né en Inde et mort en Californie.
Il défendait un renouveau de la société qui, selon ses paroles, devait passer par une transformation du « vieux cerveau conditionné de l’homme ».
Ceci afin d’accéder à une liberté que ni les religions, ni l’athéisme, ni les idéologies politiques ne seraient capables de produire. En effet , selon lui, elles ne font que perpétuer les conditionnements.
Pensée ô combien d’actualité !
C’est une personnalité très forte. Il fut présenté dès son adolescence par la société théosophique de l’époque comme un messie potentiel -rien de moins !
Il n’hésitera pas à remettre en cause fondamentalement toute autorité.
Krishnamurti a vécu au XXème siècle, né en Inde et mort en Californie.
Cette simple phrase donne une idée du parcours de cet homme, de culture à la fois indienne mais aussi occidentale. Il a eu une grande influence notable sur des auteurs et des personnalités, notamment occidentales, de différentes disciplines.
Une vingtaine d’années seulement le sépare d’un autre grand maître, sri Aurobindo, mais leurs choix de parcours sont très différents.
Si vous voulez aller plus loin dans l’étude de la philosophie indienne, vous pouvez vous former avec moi lors de la formation initiale de professeur de yoga, ou intermédiaire et avancée.
Krishnamurti « L’instructeur du monde »
Krishnamurti est né en 1895 dans l’Andhra Pradesh, au sein d’une famille de brahmanes.
Huitième enfant masculin, il lui fut donné, selon la tradition hindoue, le nom de Krishna (murti signifiant la forme, ou la manifestation).
Sa mère, dont il était très proche, mourut quand il avait 10 ans.
Il n’avait que 14 ans quand il rencontra Charles Webster Leadbeater, membre important de la Société théosophique, où était employé son père.
Leadbeater, clairvoyant, dit avoir décelé chez le jeune garçon une aura exceptionnelle.
Leadbeater avait vu que la destinée de Krishnamurti était d’être sur terre le véhicule de l’« instructeur du monde », le « Lord Maitreya » que les théosophes attendaient. Cet « instructeur » est décrit comme une figure messianique combinant divers aspects du Christ, du Maitreya bouddhiste, et des avatars hindous.
La société théosophique
Krishnamurti considéra cette période d’éducation à la société théosophique comme salutaire, y compris sur le plan de sa santé.
En effet, Leadbeater et Annie Besant, qui dirigeaient à cette époque la Société théosophique, commencèrent son enseignement afin de le préparer à son destin. Pour le « protéger », il fut alors appelé « Alcyone ».
Il fut demandé le plus grand secret aux théosophes connaissant son existence et son identité. Annie Besant avait la garde des deux frères.
Ses tuteurs travaillèrent à polir son image publique, son apparence, et à lui inculquer une attitude de détachement. Un flegme britannique, dans sa présence, qu’il conserva toute sa vie.
Dès 1910, les plus zélés des théosophes d’Adyar créèrent un Order of the Rising Sun qui vénérait l’« instructeur du monde » en la personne d’Alcyone.
Cet ordre, considéré comme un simple culte de la personnalité fut dissous en 1913. Il fut cependant assez vite remplacé par l’Order of the Star of the East (ordre de l’Étoile d’Orient) créé et dirigé par Annie Besant. Elle considérait que cet ordre n’était pas lié à la théosophie, mais était l’ébauche d’une future religion universelle.
Lui et un de ses frères passèrent toute la Première Guerre mondiale en Grande-Bretagne, se déplaçant de résidence en résidence et passant leur temps à étudier et à s’occidentaliser.
L’idée était à terme de réussir à les faire entrer à Oxford. Cependant, le caractère « rêveur » et le manque d’attention de Krishnamurti finit par faire renoncer leur mère adoptive, restée en Inde et engagée dans la lutte pour l’indépendance, à cet espoir. Elle en vint même un temps à douter qu’il était vraiment l’« instructeur » attendu.
Éveil spirituel, réveil de la kundalini, « the process » de Krihnamurti
À l’été 1922, selon ses propos rapportés par Lutyens, il vécut une expérience transformatrice, qui fut qualifiée par lui-même d’éveil spirituel et devait changer sa vie.
Lui-même l’appela « le processus » (the process), tandis qu’Annie Besant l’appelait le réveil de la Kundalinî. Au cours de cette expérience, il dit avoir ressenti une « Présence », une « bénédiction », une « immensité », un « état Autre » (Otherness) et un sens du « sacré ». Cela réapparut de façon récurrente tout au long de sa vie.
Ce processus le changea profondément. À cela s’ajouta la mort de son frère en 1925, à l’âge de 27 ans, qui l’ébranla fortement.
Si bien qu’après avoir passé toutes ces années soumis à la vision que ses tuteurs avaient de lui, il commença à partir de ces événements à contester les directives qui lui avaient été imposées. Sans pourtant tout à fait désavouer l’idée selon laquelle il serait ce messie.
En août 1929, il décida de dissoudre l’organisation mondiale, établie en 1913 pour le soutenir et qui avait été appelée « l’Ordre de l’Étoile du Matin ». Il déclara à cette occasion :
« La Vérité est un pays sans chemin, que l’on ne peut atteindre par aucune route, quelle qu’elle soit : aucune religion, aucune secte. ».
Il considérait que les rituels et exercices spirituels de cet ordre étaient au mieux dénués d’intérêt et au pire absurdes. Son opposition à toute notion de sauveur, de gourou ou de tout médiateur pour faire l’expérience de la « réalité » allait devenir sa ligne directrice. Selon Mary Lutyens, le dernier lien avec la société théosophique fut rompu avec la mort d’Annie Besant en 1933.
« Toute autorité, particulièrement dans le domaine de la pensée, est destructrice, une mauvaise chose. Les leaders détruisent leurs adeptes et les adeptes détruisent les leaders. Vous devez être votre propre enseignant et votre propre disciple. Vous devez mettre en doute tout ce que l’homme a accepté comme valable ou nécessaire. »
Nouvelle vie de Krishnamurti
A partir de 1930 et pour une quinzaine d’années, il se consacra alors à voyager à travers le monde pour exposer ses idées.
Celles ci firent rapidement de lui une attraction inhabituelle en son temps par la distance parfois virulente qu’il prenait avec les religions et les gourous.
Pourtant il finissait, inévitablement, par être perçu lui-même comme tel.
C’est à cette même époque qu’il fonda les premières écoles selon sa vision de l’éducation.
Dans cette période, Krishnamurti réside principalement à Ojai en Californie. Il y reçut la visite de plusieurs personnalités.
Parmi elles figurent Aldous Huxley, Igor Stravinsky, Bertolt Brecht, Thomas Mann, Bertrand Russell ainsi que Greta Garbo. Cette dernière se présenta à lui comme une aspirante spirituelle sérieuse. Aldous Huxley était, parmi eux, l’ami le plus proche.
Quelques conceptions philosophiques
Il commença à évoquer un thème qui devait revenir fréquemment dans ses conférences, celui de la « véritable méditation », dont le sens est différent de celui qui est admis à cette époque.
De la même façon, il critiquait fréquemment la division faite entre le conscient et l’inconscient :
Pourquoi ce clivage entre le conscient et l’inconscient ? L’inconscient est le passé, mais est présent dans tous nos pensées et actes conscients, pour le voir il suffit de s’observer attentivement sans jugement.
Et pourquoi attribuons-nous une signification si profonde à l’inconscient ? En fait il est aussi trivial que le conscient. Et, si l’esprit conscient est extraordinairement actif, s’il observe, s’il écoute, s’il voit, alors il prend beaucoup plus d’importance que l’inconscient et, dans l’état d’attention profonde mentionné précédemment, tous les contenus de l’inconscient sont exposés, et la division qui sépare conscient et inconscient franchie.
À partir de 1950, il vécut en partie à Paris. S’ajoute alors, à ses discours sur l’introspection méditative, des critiques virulentes des structures de la société.
En 1953 son premier ouvrage est publié par un éditeur important et non spécialisé en spiritualité.
Krishnamurti se plaignait fréquemment autant de la vénération dont il était l’objet en Inde que de l’approbation molle et inactive de ses auditoires occidentaux. Il mentionna un cas de conférence durant laquelle il se réjouit d’avoir entendu un désaccord de la part de son public, indiquant qu’ils commençaient à penser par eux-mêmes.
Rencontres avec Ramana Maharshi, Mâ Ananda Moyî, le Dalaï Lama
En Inde, sa popularité était très importante et il rencontra plusieurs autres figures notables de la spiritualité telles que Ramana Maharshi, Mâ Ananda Moyî et Vimala Thakar.
En 1956, il rencontra également Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, avec qui il eut une relation de respect mutuel. La visite du dalaï-lama à la Société théosophique de Chennai lui fit une forte impression, en raison de l’ouverture de ce mouvement aux principales religions du monde.
En 1960, il rencontra le physicien David Bohm dont les vues lui semblent proches des siennes. Les deux hommes devinrent rapidement amis et enregistrèrent un certain nombre de dialogues qui se déroulèrent sur une vingtaine d’années.
En 1970, il rencontre Indira Gandhi à plusieurs occasions et Pupul Jayakar, proche de Gandhi, affirme que Krishnamurti aurait eu une influence sur la politique indienne après ces discussions.
En 1980, il réaffirme les grandes lignes de sa philosophie dans une déclaration écrite connue sous le nom « le cœur des enseignements ».
Au même moment, il affirme à son entourage que l’expérience intérieure, le « processus », qu’il décrivait les premières années, avait pris une force nouvelle, que ce mouvement intérieur aurait atteint la « source de toute énergie » et qu’il ne restait en lui qu’« espace incroyable et une immense beauté ».
En 1981, à la suite d’une grippe qui l’affecta profondément, au point de dire qu’il lui aurait « été plus facile de se laisser mourir que de survivre », il commença à évoquer plus fréquemment le thème de la mort dans ses écrits et ses conférences. Bien que dans les années 1980, certains notèrent des signes de fatigue physique et mentale, après une vie où s’étaient succédé diverses maladies, il continua à donner une moyenne de 120 conférences par an jusqu’à sa mort. Son mode de vie était austère et rigoureux, il ne fumait pas, ne buvait pas d’alcool, ne consommait pas de caféine et faisait un exercice physique régulier.
À l’âge de 90 ans, il s’est adressé aux Nations unies sur le sujet de la paix et de la conscience et a reçu la Médaille de l’ONU pour l’année 1984
Je vous conseille vivement d’écouter ce discours, sans concession et toujours d’une terrible actualité 35 ans plus tard :
La pensée est toujours limitée ; or, nous tentons de régler tous les problèmes par la pensée, au lieu de le faire par l’Amour, la compassion qui, eux, sont absolus et universels.
Il y parle aussi de la paix impossible jusqu’à ce jour, des religions prônant la paix tout en faisant la guerre, des religions du livre, si rigides et intolérantes, bien plus que les religions -comme l’hindouisme ou le bouddhisme- révérant de multiples textes sacrés ; il y parle des nations puissantes, qui prônent la paix tout en menant des guerres économiques ou idéologiques et en vendant des armes.
Un des problèmes de base, dit-il, est le concept de nation, qui n’est qu’un tribalisme glorifié.
S’il n’y a pas de changement radical, de mutation fondamentale, le futur sera ce qu’est le présent ; car le futur est ce qui est présent, le futur est maintenant : le présent, qui est aussi le passé, en se modifiant maintenant, devient le futur.
C’est donc maintenant qu’il faut effectuer un changement radical.
Krishnamurti, fin de vie du philosophe
Son dernier entretien public eut lieu à Madras, en Inde, en janvier 1986, un mois avant son décès à Ojai, en Californie. S’étant préparé à sa mort, il avait demandé que personne ne soit désigné ou ne se désigne comme son représentant, interprète ou porte-parole. Au cours d’une des dernières réunions avec son entourage, il aurait également demandé que « ses résidences ne deviennent pas des lieux de pèlerinage et qu’aucun culte ne soit développé autour de sa personne ».
Il mourut en février 1986.
Les thèmes récurrents des paroles de Krishnamurti
Le savoir
Krishnamurti mit constamment l’accent sur la juste place de la pensée dans la vie quotidienne. Mais il montra aussi les dangers de la pensée quand elle opère dans le champ des relations.
Quelques extraits :
Comment l’esprit qui fonctionne à partir du savoir – comment le cerveau qui enregistre tout le temps – va-t-il arriver à son terme et voir l’importance de ce constant enregistrement pour ne plus le laisser aller dans n’importe quelle autre direction ? Très simplement : vous m’insultez, vous me blessez, par des mots, des gestes, par un acte réel ; cela laisse une trace dans le cerveau qui est mémoire. Cette mémoire est savoir, ce savoir va interférer lors de notre prochaine rencontre .
De toute évidence… Le savoir est nécessaire pour agir lorsqu’ il me faut rentrer à la maison depuis cet endroit ; je dois avoir du savoir pour faire ceci. Il me faut du savoir pour parler Anglais ; il me faut du savoir pour écrire une lettre et ainsi de suite. Le savoir en tant que fonction, fonction mécanique, est nécessaire.
Maintenant si j’utilise ce savoir dans ma relation avec vous, un autre être humain, je mets en place une barrière, une division entre vous et moi, c’est-à-dire l’observateur. Ceci veut dire que le savoir, dans la relation, dans la relation humaine, est destructeur. Ce savoir qui est la tradition, la mémoire, l’image, que l’esprit a construite de vous, ce savoir est séparateur et par conséquent, crée du conflit dans notre relation.
Le cerveau a été entraîné à enregistrer parce que dans cet enregistrement il y a de la sûreté, de la sécurité, un sens de vitalité ; dans cet enregistrement l’esprit crée une image au sujet de soi-même. Et cette image sera constamment blessée. Est-il possible de vivre sans une seule image au sujet de vous-même, ou de votre mari, femme, enfants, ou au sujet des politiciens, des prêtres, ou d’un idéal ? C’est possible, et si vous ne le découvrez pas vous serez toujours blessé, vous vivrez toujours selon un modèle dans lequel il n’y a pas de liberté. Lorsque vous êtes totalement attentif il n’y a pas d’enregistrement. C’est seulement lorsqu’il y a inattention que vous enregistrez. C’est-à-dire : vous me flattez ; j’aime cela ; le fait d’aimer à ce moment-là est de l’inattention et par conséquent l’enregistrement a lieu. Mais si lorsque vous me flattez je l’écoute complètement sans aucune réaction, alors il n’y a pas de centre qui enregistre.
Le cerveau est la source de la pensée. Le cerveau est matière et la pensée est matière. Le cerveau peut-il – avec toutes ses réactions et ses réponses immédiates à chaque défi et chaque exigence – le cerveau peut-il être très calme ? La question n’est pas de mettre fin à la pensée mais de savoir si le cerveau peut être complètement immobile. Cette immobilité n’est pas une mort physique. Regardez ce qui arrive lorsque le cerveau est complètement immobile.
La peur et le plaisir dans sa philosophie
Peur et plaisir ont été des thèmes tout au long de sa vie lors de ses discussions publiques. Ce qui suit est un extrait de son intervention à San Diego en 1970 :
La peur est toujours en relation avec quelque chose ; elle n’existe pas par elle-même. Il y a la peur de ce qui est arrivé hier en relation avec sa possible répétition demain ; il y a toujours un point fixe à partir duquel la relation a lieu. Comment la peur intervient-elle là-dedans ? J’ai eu une douleur hier ; il y a la mémoire de celle-ci et je ne veux pas d’elle demain à nouveau.
Penser au sujet de la douleur d’hier, pensée qui implique la mémoire de cette douleur d’hier, projette la peur d’avoir à nouveau une douleur demain. C’est donc la pensée qui cause la peur. La pensée engendre la peur ; la pensée cultive aussi le plaisir. Pour comprendre la peur vous devez comprendre aussi le plaisir – ils sont reliés ; sans comprendre l’un vous ne pouvez comprendre l’autre. Ceci signifie que l’on ne peut dire « je dois seulement avoir du plaisir et pas de peur » ; la peur est l’autre face de cette pièce que l’on appelle plaisir.
En pensant avec les images du plaisir d’hier, la pensée imagine que vous pourriez ne pas avoir ce plaisir demain ; ainsi la pensée engendre la peur. La pensée essaye de renforcer le plaisir et ce faisant nourrit la peur.
La pensée s’est séparée elle-même en celui qui analyse et la chose à analyser. Ce sont tous deux des parties de la pensée qui se joue des tours à elle-même. En faisant tout ceci elle refuse d’examiner les peurs inconscientes ; cela offre à ce moment comme un moyen d’échapper à la peur et cependant dans le même temps celui de l’entretenir.
La méditation et Krishnamurti
Krishnamurti utilise le mot méditation pour désigner quelque chose d’entièrement différent de la pratique d’un système quelconque ou d’une méthode particulière pour contrôler l’esprit. Lors d’une intervention publique à Bombay en 1971, il parla longuement de la méditation et de ses implications.
Un esprit qui est en méditation ne s’intéresse qu’à la méditation, non pas à celui qui médite. Le méditant est l’observateur, le censeur, le penseur, l’expérimentateur, et quand celui qui expérimente, le penseur, est présent, alors il est préoccupé de réussite, de gain, d’accomplissement, d’expérience. Et cette chose qui est intemporelle ne peut être expérimentée. Il n’y a pas d’expérience du tout. Il y a seulement ce qui ne peut pas être nommé.
La méditation est l’un des plus grands arts dans la vie – peut-être le plus grand, et il n’est possible de l’apprendre de personne, c’est là que réside sa beauté. Cela ne dépend d’aucune technique donc d’aucune autorité. Quand vous apprenez au sujet de vous-même, quand vous vous regardez vous-même, la manière dont vous marchez, comment vous mangez, ce que vous dites, les bavardages, la haine, la jalousie. Si vous êtes conscient de tout cela en vous-même, sans aucun choix, cela fait partie de la méditation.
L’homme, afin d’échapper à ses conflits, a inventé de nombreuses formes de méditation. Celles-ci ont été basées sur le désir, la volonté, et le besoin impérieux de s’accomplir et elles impliquent le conflit et un combat pour arriver. Cet effort conscient, délibéré est toujours à l’intérieur des limites d’un esprit conditionné, et dans ceci il n’y a pas de liberté. Tout effort pour méditer est un déni de la méditation. La méditation est la fin de la pensée. C’est alors seulement qu’il y a une dimension différente qui est au-delà du temps.
« La méditation est le fait pour l’esprit de se vider de toute la pensée, car la pensée et l’émotion dissipent l’énergie. Elles sont répétitives, produisent des activités mécaniques qui sont une part nécessaire de l’existence. Mais elles sont seulement une part, et il n’est pas possible à la pensée et à l’émotion de pénétrer dans l’immensité de la vie.Une approche tout-à-fait différente est nécessaire, pas le chemin de l’habitude, de l’association d’idées et du connu ; on doit être libre de ceux-ci. La méditation est le fait pour l’esprit de se vider du connu. Cela ne peut être fait par la pensée, ou par les motivations cachées de la pensée, ni par le désir sous forme de prière, ou par l’hypnose d’auto-effacement des mots, des images, des espoirs, et des vanités. Tous ceux-ci doivent arriver à leur terme, facilement, sans effort et sans choix, dans la flamme de la conscience ».
L’éducation selon Krishnamurti
Krishnamurti a fondé plusieurs écoles dans le monde. Lorsqu’il était interrogé à ce propos, il énumérait les objectifs éducatifs suivants comme étant les siens :
1. Une perspective globale : une vision du tout qui soit distincte de celle de la partie, et le fait qu’il ne devrait jamais y avoir de point de vue sectaire mais toujours une perspective holistique et libre de tout préjugé.
2. Se sentir concerné par l’humain et l’environnement : l’homme est une part de la nature, et si la nature n’était pas protégée, elle ferait boomerang pour l’homme. Il disait que seules une éducation correcte et une profonde affection entre les gens, qui est nécessaire partout, pourraient résoudre nombre de problèmes humains.
3. Un esprit religieux, incluant le tempérament scientifique : l’esprit religieux est seul, non pas isolé. Il est en communion avec les gens et la nature.
L’Essence de l’enseignement de Krishnamurti est contenu dans la déclaration qu’il fit en 1929 où il dit :
« La vérité est un pays sans chemin. L’homme ne peut venir à elle par aucune organisation, par aucune foi, par aucun dogme, prêtre ou rituel, ni par aucune connaissance philosophique ou technique psychologique. Il doit la trouver à travers le miroir de la relation, par la compréhension du contenu de son propre esprit, par l’observation, et non par l’analyse intellectuelle ou la dissection introspective.
L’homme a construit en lui-même des images pour améliorer son sentiment de sécurité – religieuse, politique, personnelle. Celles-ci se manifestent comme symboles, idées, croyances. Leur fardeau domine la pensée de l’homme, ses relations et sa vie quotidienne. Ce sont les causes de nos problèmes car ils séparent l’homme de l’homme dans toutes les relations. »
Influence de Krishnamurti
Krishnamurti était connu pour critiquer la pensée, la religion et la philosophie. Ce qui lui faisait répondre, quand on le questionnait sur son statut, qu’il n’était ni penseur, ni gourou, ni philosophe.
Enfant rêveur, peu enclin aux études, fragile, propulsé « messie » à l’adolescence, il prit une direction apparemment radicalement opposée. Il a fait preuve d’un grand courage. Sa pensée repose principalement sur l’idée qu’une transformation de l’humain ne peut se faire qu’en se libérant de toute autorité. Il a paradoxalement finit par être vénéré par des milliers de personnes comme un maître spirituel.
Selon le professeur de philosophie Raymond Martin, la pensée de Krishnamurti est assez éloignée de la philosophie académique, particulièrement dans la tradition analytique. Il trouve cependant des similitudes avec la méthode socratique et l’enseignement originel de Siddhārtha Gautama, le Boudha. Toujours selon ce philosophe, l’approche de Krishnamurti s’apparente plutôt à une « méditation guidée ».
Des personnalités de tous bords ont mentionné avoir été influencées par Krishnamurti. Ainsi Joseph Campbell, Jackson Pollock, Beatrice Wood, Alan Watts, Bruce Lee. Plus récemment Eckhart Tolle, Pierre Rabhi, Deepak Chopra, Denis Robert.
Bien que relativement peu reconnu dans les milieux académiques, il a eu des entretiens avec Fritjof Capra, George Sudarshan, Jonas Salk et Rupert Sheldrake.