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Ramana Maharshi : « la vérité, c’est le soi »

Ramana Maharshi, en lotus

Ramana Maharshi est un maître que l’on se doit de classer à part.

De l’extraordinaire floraison de grands sages hindous qui apparurent vers le 1er quart du XXème siècle (vous pouvez en savoir davantage en suivant la Formation intermédiaire et avancé), Ramana Maharshi semble représenter le sage védique.

Il est même paradoxal d’écrire sur Ramana Maharshi, lui qui n’a jamais appris, n’a jamais enseigné … mais a eu, très jeune, l’expérience du Soi, de l’Atman.

La vie de Ramana Maharshi

Venkatarama est né en 1879 près de Madurai, dans le sud de l’Inde. Son père était magistrat. Enfant, il apprend l’anglais à l’école de missionnaires américains. 

L’expérience de l’Éveil

Un jour où il se trouvait seul, alors qu’il avait 16 ans, il fut soudain pris d’une violente peur de la mort. Il s’allongea par terre, en mimant l’état de cadavre.

« Bon ! me disais-je, ce corps est mort. On l’emportera complètement rigide au lieu de sa sépulture, où on le brûlera et le réduira en cendres. Mais suis-je mort par cette mort de mon corps ? 
Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité, et j’entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l’esprit, transcendant le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel. »


« Ces pensées n’étaient pas obscures et ternes. Elles jaillissaient en moi telles d’éclatantes vérités, que je percevais directement sans que mes activités cérébrales fussent en jeu. Le « moi » était donc quelque chose de très réel, la seule chose réelle dans mon état présent, et toute l’activité consciente de mon corps se concentrait sur ce « moi ». Depuis cet instant, la puissance fascinante de ce « moi » se plaça au cœur même de toute mon attention.


« La crainte de la mort avait disparu, et pour toujours. L’absorption dans le « moi » se poursuivit sans interruption. D’autres pensées passaient et disparaissaient, pareilles à diverses notes de musique, mais le « moi » demeurait comme la note scruti, sous-jacente à toutes les autres notes, et se confondant avec elles.


« Que mon corps fût occupé à parler, à lire, ou à quoi que ce soit d’autre, tout mon être n’en était pas moins centré sur le « moi ». 


Avant cette crise, je ne le distinguais pas clairement, et je n’étais pas attiré consciemment vers lui. Je ne ressentais pour lui nul intérêt direct ou perceptible ; encore moins inclinais-je à demeurer constamment en lui. »

Telle fut la seule initiation spirituelle reçue par le jeune homme ; expérience irrémédiable et déterminante sur laquelle il engagea toute sa vie : la fusion définitive de sa conscience dans l’Esprit Universel.

Ramana Maharshi : en quête d’Arunachala, la montagne sacrée

Ramana Maharshi

Seulement six semaines après cette expérience d’Éveil, poussé par l’appel de la montagne sacrée, Venkataraman s’enfuit comme un voleur avec quelques roupies « empruntées ».

Il laissera une simple note à ses parents : 

« Je suis parti à la recherche de mon Père selon son commandement.
Ceci (parlant de lui-même) est simplement engagé dans une entreprise vertueuse, il n’est donc pas nécessaire que quiconque critique cet acte et ne dépense d’argent pour rechercher ceci. »

Après un voyage épique et plein d’imprévus, le jeune homme parvint enfin au but ultime : Arunachala , la colline rouge.

Il jeta les quelques piécettes qui lui restaient dans un bassin sacré, se fit raser le crâne et, le 1er septembre 1896, il pénétra dans le grand temple de Tiruvannamalai. 

Après avoir traversé ses vastes cours et parcouru ses couloirs de granit, il parvint au cœur du sanctuaire. Là, dans le saint des saints, Venkataraman tomba en extase devant l’antique Siva-lingham.

C’est dans cet état qu’il alla s’isoler en silence dans la salle aux mille piliers ouverte sur la première cour du temple, puis dans une crypte désaffectée cachée sous les dalles du bâtiment et, pendant plusieurs semaines, il demeura immobile dans la pénombre humide, jouissant de l’union parfaite avec le Soi, son « Père ».

Venkataraman fut lavé, nourri, soigné et pris en charge par un groupe de sâdhus qui le surnommèrent alors « Brahmana swami ».

Le jeune swami demeurait muré dans son silence, son esprit totalement détaché du monde, mais cela ne l’empêchait pas de s’attirer des disciples.

Les évènements de la jeunesse du jeune swami, ainsi que de nombreuses anecdotes, sont racontés dans les témoignages de ces disciples des premiers instants. Tous ont vécu ensuite dans la lumière de celui qu’ils ont admis comme leur gourou.

Ayant enfin retrouvé sa trace, la mère de Vankataraman vint l’implorer de retourner à la maison ; celui-ci resta immergé dans son silence et ne réagit pas à ses larmes.

Plus tard, elle décida de revenir et de s’installer auprès de son fils dans une grotte aménagée près d’une source à mi-pente du mont.

Là, après qu’il l’eut guérie d’une grave typhoïde, elle demeura jusqu’à sa mort, comme simple disciple, dans le rayonnement de son fils.

Un nombre croissant de visiteurs bravait les pentes caillouteuses d’Arunachala pour venir s’asseoir auprès du Chinna swami, comme on l’appelait alors. 

Celui-ci parlait de nouveau et s’entretenait volontiers avec les curieux et les disciples, répondant à leurs questions ou commentant les textes sacrés qu’on lui lisait.

La renommée Ramana Maharshi avait depuis longtemps dépassé les limites de la ville

Ainsi, Ramana Maharshi recevait des personnes venue de toute l’Inde britannique : des voyageurs occidentaux attirés par la rumeur parvinrent jusqu’à l’ermitage du sage et s’assirent à ses pieds : Paul Brunton, Sydney Cohen, le major Chadwick seront les premiers porte-parole de son enseignement en Occident.

Après la mort de sa mère, Ramana Maharshi descendit s’installer auprès de son tombeau, au pied de la montagne. 

Ce fut la naissance de Ramanashram, l’actuel ashram : une simple hutte de bambou et de feuilles de palme, plantée près d’un bassin sacré sur le chemin rituel du pradakshina autour du mont. 

Attirés par la montagne et le rayonnement de Ramana, des centaines de personnes en quête d’absolu venaient chaque jour lui rendre visite et lui posaient d’innombrables questions d’ordre personnel, religieux ou spirituel. 

Inlassablement il répondait, conseillait, ou écoutait en silence.

L’enseignement de Ramana Maharshi

Ramana Maharshi et ses disciples.

Ramana Maharshi ayant vécu un éveil spontané, il n’avait suivi aucune discipline spirituelle, ascèse ou pratique yogique.

Il n’avait rien lu des enseignements spirituels contenus dans les textes sacrés de l’hindouisme ; il ne connaissait rien de Sankarâchârya et du Vedanta alors même qu’il se révéla être un pur védantiste. 

Il n’avait donc rien à enseigner : à la question « un maître est il nécessaire pour recevoir des instruction spirituelles ? » Il répondit :

« Oui, si vous tenez à apprendre quelque chose de nouveau. Mais ici, vous devez désapprendre … »

Ramana se contentait de témoigner de l’évidence de la réalité spirituelle dans laquelle il était immergé. 

Mais, selon le témoignage de tous ceux qui l’ont approché, le cœur de son enseignement se transmettait à travers le silence ; Ramana, par la seule présence de son regard, pouvait transformer totalement la conscience d’une personne venue lui poser cent question essentielles pour sa vie, et ce avant même qu’il ait ouvert la bouche.

La réponse ultime était transmise par la simple puissance du regard de celui qui baigne dans la connaissance du Réel. Toutes les questions s’évanouissaient soudain dans ce silence de paix.

Cependant, au fil des milliers de réponses verbales ou écrites qu’il donna à ses visiteurs jusqu’à la fin de sa vie, un certain nombre de thèmes essentiels reviennent inlassablement dans son enseignement :

 

Le « soi » 

« Si nous progressons, le monde progressera. Tels que nous sommes ainsi est le monde.
Sans comprendre le Soi, à quoi bon comprendre le monde. Sans la connaissance de L’Être, la connaissance du monde est sans intérêt. Plongez en vous-même et trouvez le trésor caché là. Ouvrez votre cœur et voyez le monde à travers les yeux du véritable Soi. Déchirez les voiles et contemplez la divine majesté de votre propre Soi. »

Le cœur du message spirituel de Sri Ramana est contenu dans ces courtes phrases :

La quête de l’Atman des écritures sanscrites est la démarche essentielle du chercheur d’absolu. Selon les Upanisads, l’Atman est cette présence divine qui sous-tend notre conscience et qui, résidant au cœur de nous même, nous relie au Brahman Universel.

Atman et Brahman sont identiques, ainsi le retour de la conscience en l’Atman nous ramène à l’Infini, à Dieu, à l’immortalité. Ce cœur spirituel est notre être même, l’essence de notre identité profonde et la source de la conscience.

Ramana Maharshi, inlassablement, enjoindra à ses interlocuteurs de retourner à cette source sacrée que l’on nomme le « Soi. »

Qui suis-je ?

Toute la démarche spirituelle transmise par Sri Ramana tourne autour de la question sans cesse renvoyée à l’interlocuteur : « qui suis-je ? »

Cette démarche introspective consiste à suivre la pensée jusqu’à son origine ; elle permet alors de dépasser les limites du moi crée par les pensées et, au cœur de l’observation silencieuse, d’atteindre la révélation de notre identité réelle : le Soi.

L’immersion dans le Cœur spirituel libère la conscience de l’illusion qu’il y a un observateur et un monde observé. Le sortilège de la dualité apparente est enfin dissipé et la lumière du Soi dévoile la Réalité unique, éternelle et infinie.

C’est à travers les yeux du Cœur que le monde se révèle nimbé du Réel ; sinon il ne serait qu’une pure création de nos pensées.

 L’un des nombreux poèmes composé par Sri Ramana dit ceci :

« Lumière de la conscience qui tout embrasse, c’est en toi que se forme l’image de l’univers, qu’elle y demeure et s’y dissout. Mystère qui détient le miracle de la vérité, tu es le Soi intérieur, le «Je» vibrant dans le cœur. Cœur est ton nom ô seigneur ! »

Cet état d’être unifié naît du silence mental et engendre une paix immuable : 

« Celle-ci ne peut régner seulement lorsqu’il n’y a aucun dérangement du à la pensée »

Il n’y a rien à atteindre …

Les visiteurs étaient habitués aux enseignements spirituels classiques, aux disciplines et pratiques longues et complexes ; aussi étaient ils stupéfaits de s’entendre dire qu’il n’y avait rien à conquérir, aucun effort à faire, et que la seule idée qu’il y ait un résultat à atteindre ou que le simple désir de la Réalisation spirituelle étaient autant d’obstacles sur le chemin.

D’ ailleurs, il n’y avait pas de chemin car le Soi a toujours été présent au centre de nous même. Notre source sacrée n’est pas une chose à atteindre au terme d’un long et pénible voyage mais une lumière à dévoiler. 

Ce simple changement de regard était l’unique pratique conseillée par Sri Ramana : un retour définitif à notre divinité intérieure. Le Cœur spirituel étant le seul gourou, le maître incarné n’est là que pour révéler la présence du Soi, ce rayonnement intérieur est l’enseignement et le maître véritable.

Vie quotidienne d’un éveillé

Pour Sri Ramana, la vie était aussi simple et tranquille que l’était son esprit. Il ne tirait aucune gloire de sa notoriété et il n’était pas rare de le trouver assis sur le sol de terre battue de la cuisine, en train d’éplucher les légumes des repas du jour vers 3 h du matin.

Il pouvait aussi interrompre un entretien devant une centaine de personnes pour aller masser les pieds endoloris d’un nouveau venu assis silencieusement à l’extérieur de la salle d’audience, alors qu’il n’accordait pas un regard à quelque important personnage venu de Delhi chargé de profondes questions métaphysiques. 

Il prenait ses repas assis à même le sol, en compagnie de tout le monde, dans la salle commune.

Vivant presque nu, ne possédant rien, Sri Ramana conservait une simplicité de cœur qui fascinait ses visiteurs. 

En fin d’après midi, accompagné de quelques disciples, il prenait son bâton, s’engageait sur le chemin rituel du tour de la montagne et ne rentrait qu’à la nuit tombée pour se retirer dans sa petite cellule monastique.

La journée se passait en entretiens car il se consacrait entièrement à ses visiteurs. 

Parfois, aux heures chaudes de l’après midi un disciple lui lisait les textes sacrés de l’hindouisme qu’il commentait à sa manière ; il apprit ainsi que son expérience intime était décrite dans les antiques Upanisads, le Ribhu Gita, ou les hymnes vedantistes de Shankara. 

C’est ce qui lui permit de converser avec les plus érudits de ses visiteurs. Mais souvent il se contentait de leur répondre : 

« cherchez en vous-même qui pose la question, et vous trouverez la réponse ultime »

Siddhi et miracles

Ramana Maharshi s’est toujours défendu de faire des miracles. Il condamnait la recherche de pouvoirs spéciaux révélés par les pratiques et les ascèses.

Il mettait en garde ceux qui seraient tentés de les utiliser lorsqu’ils s’éveillaient spontanément : cela ne pouvait qu’accroître le sentiment illusoire du moi alors que celui-ci devait se fondre dans le Soi pour accéder à l’état d’éveil.

Cependant de nombreux disciples ayant partagé la vie quotidienne du sage ont relaté d’étranges évènements :

  • guérisons spontanées (à commencer par celle de sa mère)
  • accroissement inattendu de la quantité de nourriture à l’ashram lors de visites massives imprévues
  • bilocation fréquentes en des lieux très éloignés, corroborées par des témoins
  • sans compter les étranges visions du cœur de la montagne où résideraient d’anciens Rishis. 

L’ultime miracle de Sri Ramana en ce monde fut la grande lumière céleste apparue à l’instant de sa mort, en 1950, vue et décrite par de nombreux témoins.

Avant de s’en aller Sri Ramana affirmait à ses proches disciples qu’il serait toujours là, éternellement vivant, à leur côté. Il est vrai que depuis sa mort, les témoignages de sa présence spirituelle à Tiruvannamalai sont fréquents. Cette expérience est vécue comme le « darshan », la bénédiction de Sri Ramana, véritable initiation qui, souvent, engage celui qui l’a reçue sur le chemin de l’éveil spirituel.

« L’héritage de l’Inde s’est enrichi d’innombrables saints et yogis ; Ramana Maharshi  représente cette tradition et sa grandeur spirituelle. Guides de millions de gens, de tels maîtres éclairent le chemin et apportent consolation à l’humanité souffrante ».
Dalai Lama

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