BKS Iyengar, s’appuyant son parcours exceptionnel, a renouvelé, modernisé et précisé toute la pratique du yoga actuel, tant les postures que la méditation.

BKS Iyengar, expert en alignement,  a amené un yoga intense et rigoureux en Occident.

Bellur Krishnamachar Sundararaja Iyengar de son vrai nom, autrement dit B.K.S. Iyengar, est en effet célébré comme l’enseignement qui a donné son nom à un style de yoga actuellement très connu et pratiqué partout dans le monde.

Alors qu’il avait commencé sa vie comme un enfant malingre et maladif, c’est le yoga qui lui a permis d’acquérir une santé florissante, et de mener une vie très active, déployant une énergie colossale toute entière consacrée au yoga jusqu’à la fin de sa vie à un âge très avancé.

Les premières années et formation de BKS Iyengar

L’enfance de BKS Iyengar

B.K.S. Iyengar, onzième enfant sur treize (dont dix ont survécu), est né en 1918 en Inde dans une famille pauvre. 

Son père, décédé alors que BKS Iyengar n’avait que neuf ans, était professeur d’école.

Il contracta l’influenza alors qu’il était encore bébé, et il resta malade et affaibli pendant de longues années.

Son système immunitaire était  au plus bas. Ceci l’exposa au paludisme, à la tuberculose, à la fièvre typhoïde et à une malnutrition générale.

Lui-même se décrit comme un enfant très maigre, souffreteux et sans énergie.

Rencontre entre BKS Iyengar et Krishnamacharya

En 1934, son beau-frère, le yogi Sri Tirumalai Krishnamacharya, demande à Iyengar, âgé de 15 ans, de venir à Mysore afin d’améliorer sa santé par la pratique du yoga. 

Krishnamacharya histoire yoga

Krishnamacharya

Krishnamacharya n’est pas n’importe qui. Il a modernisé le yoga indien, qui était une pratique peu enseignée et en train de se perdre.

Jusque là, le yoga se transmettait traditionnellement de maître à élève, dans les familles de brahmanes, entre hommes.

Krishnamacharya l’a rendu accessible au plus grand nombre, en choisissant de bousculer la tradition : il enseigna le yoga à ses filles et ouvrit des cours collectifs.

De plus, non seulement il a relancé la pratique dans son pays, mais il a envoyé ses disciples en Occident, permettant ainsi au yoga de rayonner partout dans le monde.

Donc Iyengar, sous son enseignement, apprit la pratique des asanas, ce qui améliora régulièrement sa santé. 

Relation d’Iyengar  avec son guru

Iyengar considère son association avec son beau-frère comme un tournant dans sa vie.

Il affirme que, sur une période de deux ans

« Il (Krishnamacharya) ne m’a enseigné que pendant environ dix ou quinze jours, mais ces quelques jours ont déterminé ce que je suis devenu aujourd’hui. »

Bien qu’Iyengar ait toujours eu une très grande estime pour Krishnamacharya et se soit parfois tourné vers lui pour obtenir des conseils, il avait eu une relation difficile avec son gourou pendant sa tutelle.

Au début, Krishnamacharya pensait que l’adolescent raide et maladif ne réussirait pas le yoga. Son enseignement fut négligé et Iyengar était plutôt chargé des tâches ménagères. 

Ce n’est que lorsque Keshavamurthi, l’élève préféré de Krishnamacharya à l’époque, partit, que l’entraînement sérieux commença. 

Iyengar, démonstration de yoga

Krishnamacharya lui enseignait des postures difficiles, lui disant parfois de ne pas manger avant d’avoir maîtrisé tel ou tel asana. 

Tous les élèves de Krishnamacharya (Pattabhi Jois, Desikachar …) sont d’accord pour dire que ce dernier n’hésitait pas à les corriger pour que la pratique entre mieux !

Ces expériences peuvent expliquer la rigueur voire la dureté dont Iyengar fera preuve plus tard vis à vis de ses propres étudiants.

En 1937, Krishnamacharya envoya Iyengar, âgé alors de dix-huit ans, à Pune, pour diffuser l’enseignement du yoga.

Reconnaissance internationale de BKS Iyengar

Amitié avec Yehudi Menuhin 

En 1952, Iyengar rencontra et se lia d’amitié avec le violoniste Yehudi Menuhin.

En 2014, à 95 ans, il en gardait un souvenir impérissable et soulignait l’importance de cette rencontre ; lorsqu’on lui demande d’évoquer un élève particulier, il répond :

« Yehudi Menuhin, sans aucun doute. C’était un rishi, un yogi, un Indien dans son âme ; un homme d’un talent et d’une richesse spirituelle exceptionnelles, un grand philosophe. C’est lui qui m’a aidé à faire rayonner le yoga en Occident. »

Rencontre avec BKS Iyengar, Esprit Yoga.

Menuhin lui donna l’impulsion qui le fit passer de professeur de yoga indien relativement inconnu en un gourou international. 

C’est parce que Iyengar avait enseigné au célèbre philosophe et sage Krishnamurti (voir ce billet), qu’il fut invité à se rendre à Bombay pour rencontrer Menuhin, qui s’intéressait au yoga. 

Menuhin et Iyengar passèrent plusieurs heures ensemble, et le coup de foudre fut réciproque.

Menuhin disait que la pratique du yoga améliorait son jeu. 

En 1954, il invita Iyengar en Suisse. À la fin de cette visite, il offrit à son professeur de yoga une montre au dos de laquelle était gravé :

« À mon meilleur professeur de violon, BKS Iyengar. » 

Iyengar diffuse son enseignement en Occident

À partir de ce moment-là, Iyengar se rendit régulièrement en Occident et des écoles où il enseigna son système de yoga se répandirent dans le monde entier.

BKS Iyengar, démonstration de yoga

Il enseigna le yoga à de nombreuses personnalités de l’époque ; Krishnamurti, dont avons déjà parlé, Élisabeth, reine de Belgique, alors âgée de 80 ans, le romancier Aldous Huxley, l’actrice Annette Bening, la cinéaste Mira Nair et la designer Donna Karan, ainsi que d’éminentes personnalités indiennes, dont le joueur de cricket Sachin Tendulkar et l’actrice de Bollywood Kareena Kapoor.

Iyengar se rendit pour la première fois aux États-Unis en 1956, lorsqu’il enseigna à Ann Arbor, dans le Michigan, et donna plusieurs conférences-démonstrations.

Livres

En 1966, Iyengar publia son premier livre, Light on Yoga. C’est devenu un best-seller international, traduit dans quasiment toutes les langues et toujours énormément vendu aujourd’hui.

Light on Yoga a été suivi de titres sur le pranayama et d’autres aspects de la philosophie du yoga. Iyengar a écrit 14 livres.

Le Ramamani Iyengar Memorial Yoga Institute 

En 1975, Iyengar ouvrit le Ramamani Iyengar Memorial Yoga Institute à Pune, à qui il  donna le nom de son épouse, décédée à l’âge de 46 ans. 

Iyengar avait épousé Ramamani, âgée de 16 ans, dans un mariage arrangé par leurs parents à la manière indienne habituelle. Il déclara à propos de leur mariage : « Nous avons vécu sans conflit, comme si nos deux âmes ne formaient qu’une. » Ensemble, ils ont élevé cinq filles et un fils.

Il prit officiellement sa retraite de l’enseignement en 1984, mais continua  d’être actif dans le monde du yoga Iyengar, enseignant lors de classes spéciales, donnant des conférences et écrivant des livres.

Les démonstrations de yoga de BKS Iyengar

Voici une de ses fameuses démonstrations, en 1976 :

Et vous avez ici un exemple de démonstration menée par Iyengar en 1984 au Barbican Center de Londres, devant 2000 personnes, alors qu’il avait 65 ans. 

Il parle de Patanjali, des huit branches du yoga et lui (ainsi que certains de ses étudiants) font une démonstration de pranayama et d’asanas.

Notoriété de la famille Iyengar

Le gouvernement indien attribua à Iyengar le Padma Shri en 1991, le Padma Bhushan en 2002 et le Padma Vibhushan en 2014. En 2004, Iyengar fut nommé l’une des 100 personnes les plus influentes au monde par le magazine Time.

Le 14 décembre 2015, lors de ce qui aurait été le 97e anniversaire d’Iyengar, il a été honoré d’un Google Doodle en Inde, en Amérique du Nord, dans une grande partie de l’Europe, en Russie et en Indonésie.

La fille aînée d’Iyengar, Geeta (1944 – 2018) et son fils Prashant sont devenus des enseignants de renommée internationale, et ont codirigé l’Institut de yoga Ramamani Iyengar Memorial (RIMYI) à Pune jusqu’à la mort de Geeta en décembre 2018.

Geeta Iyengar, qui a beaucoup travaillé sur le yoga pour les femmes, est l’auteur de Yoga : Le joyau de la femme (2002) et Prashant est également l’auteur de plusieurs livres.

La petite-fille d’Iyengar, Abhijata Sridhar Iyengar, formée pendant plusieurs années sous sa tutelle, est aujourd’hui enseignante à l’Institut de Pune et à l’étranger.

Iyengar est décédé le 20 août 2014 à Pune, à l’âge de 95 ans

Il a été incinéré le même jour au Crématorium de Vaikunth, près de chez lui.

Les principes du yoga Iyengar 

BKS Iyengar Natarajasana

L’alignement  présent dans le yoga Iyengar

Iyengar a donné son nom à un style particulier de yoga, si connu que le nom « Iyengar », abréviation de « Iyengar Yoga », possède même une entrée dans le Oxford Dictionary : « un type de Hatha yoga axé sur le bon alignement du corps, utilisant des sangles, des cales en bois et d’autres objets pour obtenir des postures correctes. » 

C’est en tirant partie des circonstances de sa vie qu’il a élaboré le yoga que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’Iyengar.

C’est tout d’abord son enfance maladive qui l’a poussé à gagner en endurance physique et souplesse, afin de regagner la santé.

Plus tard, lorsqu’un accident de scooter lui fractura la colonne vertébrale, il commença à explorer l’utilisation d’accessoires pour aider les personnes handicapées à pratiquer le yoga. 

Il dit s’être inspiré de divinités hindoues telles que Yoga Narasimha et d’histoires de yogis utilisant des arbres pour soutenir leurs asanas. 

En effet, le yoga Iyengar repose sur la précision et l’alignement dans les postures, afin d’entraîner l’esprit à s’impliquer dans l’action juste. Il est caractérisé par l’intensité et la rigueur.

L’utilisation de supports en yoga

Pour acquérir cette perfection dans la posture, Iyengar a peu à peu mis au point l’utilisation de divers supports et accessoires. Ces supports peuvent parfois permettre d’aller plus loin dans une posture. Souvent ils sont nécessaires dans le cadre d’un yoga thérapeutique, qu’il a également diffusé, à destination de malades divers qu’il recevait en nombre dans son institut de Pune.

« Le corps est mon temple, les asana sont mes prières. »

Comme le dit Christian Pisano, Iyengar a clarifié et précisé le langage postural, déjà pour chaque posture, mais aussi dans leurs interactions, mises en valeur dans la notion de série de postures.

Et un des grands axes de ce langage est le concept d’alignement, qui n’est pas simplement physique, mais représentatif de la notion de « samatava » : l’équanimité, le détachement, la sérénité.

Le physique ouvre la porte pour atteindre la Conscience universelle 

Cette atteinte est facilitée par l’utilisation des supports, qui permet d’ouvrir la pratique à tous, quelles que soient ses limites.

On peut atteindre ainsi la Conscience universelle par sa pratique corporelle.

« Om est dans notre propre corps » 

Iyengar est célèbre pour l’utilisation du langage, extrêmement précis, dans sa pédagogie. Ce langage est utilisé pour aller au coeur de l’instruction interne, où le côté verbal disparaît, pour se transformer en vibration corporelle et donc mantra.

« Passé et futur sont contenus dans chaque posture.
Le présent est la posture parfaite. »

Les différentes formes d’asanas manifestent au plus près les différentes attitudes mentales. Le physique n’est que la surface qui permet d’aller plus loin.

Importance fondamentale du pranayama 

« Lorsque vous inspirez, c’est le seigneur qui pénètre en vous, lorsque vous expirez  vous vous abandonnez à lui. »

Comme pour les asanas, là aussi Iyengar a apporté dans le pranayama une précision et une clarification des différentes techniques, qui n’étaient décrites que de manière vague dans les textes traditionnels.

Les asanas sont fondamentalement une exploration des différentes modalités respiratoires, leur pratique précise est donc la base d’une bonne compréhension des techniques du pranayama.

L’enseignement du yoga Iyengar ®

Iyengar, démonstration de yoga

Ses étudiants pensaient qu’il était un peu rude dans sa manière d’ajuster ses élèves pour qu’ils soient bien dans l’alignement. 

L’historien du yoga Elliott Goldberg rapporte que, comme il était connu  sur ses étudiants, il avait parfois été surnommé, d’après ses initiales BKS, « Bang, Kick, Slap » (coup, tape, gifle). 

Selon Goldberg, Iyengar « justifiait l’humiliation qu’il faisait subir à ses élèves comme une conséquence nécessaire de son exigence de normes élevées. » 

Mais ce comportement est également à mettre en relation avec le traitement brutal et abusif qu’il avait reçu de Krishnamacharya, qui s’offusquait rapidement, faisait peu confiance et rabaissait ses étudiants.

« En d’autres termes, il s’est parfois comporté comme Krishnamacharya » mais, conclut Goldberg, il cachait « une compassion dont Krishnamacharya n’a jamais été capable ». Ses étudiants se souviennent de son espièglerie tout autant que son tempérament parfois imprévisible. 

Il est à noter également que les ajustements que BKS Iyengar apportaient étaient faits avec grande finesse, et son toucher parfois rude était en général très précis. 

Et Iyengar s’appliquait en premier lieu cette rigueur à lui-même : à 95 ans, peu avant sa mort, il pratiquait encore 3 heures de yoga chaque matin, et faisait aussi une heure de pranayama quotidien.

Plus les moments informels où il pratiquait un peu de pranayama par-ci par-là !

Iyengar a incontestablement été un grand maître de yoga. Les différentes techniques pédagogiques qu’il a transmises ont influencé une très grande partie des écoles de yoga contemporaines.

L’influence du Yoga Iyengar sur mon enseignement

Le yoga Iyengar ® a beaucoup influencé mon propre yoga.

Pour tout vous dire, je me suis fait très mal en yoga étant jeune. En effet, j’avais commencé à pratiquer assidûment des formes de yoga qui ne respectaient pas l’alignement du corps.

A 25 ans, je me suis retrouvée avec plusieurs hernies discales fort douloureuses. J’ai alors rencontré un professeur original et fantastique, Yvon Lebbihi, qui m’a aidé à comprendre comment respecter mon corps sans tirer dessus n’importe comment.

Le yoga Iyengar était alors entré dans mon yoga et dans ma vie. Mon corps s’est rétabli, mais depuis lors, j’ai toujours cultivé cette attention au respect de notre corps.

Je me suis formée aussi durant de nombreuses années avec Corinne et Faeq Biria, formidables enseignants de yoga Iyengar. Puis je suis allée en Inde à la rencontre de BKS Iyengar lui même. 

Au bout de plus de 12 ans, j’ai ensuite décidé de reprendre ma liberté d’enseignante par rapport au yoga Iyengar, en en conservant les principes d’alignement et de précision.

En effet, j’ai depuis mes 20 ans été nourrie de plein de traditions de yoga, de traditions de méditations, de thérapies énergétiques. J’avais toujours conservé cela dans mes pratiques personnelles. 

À un certain moment de maturité dans ma carrière d’enseignante, j’ai  ressenti le besoin de me sentir libre d’enseigner ce que je souhaitais à mes étudiants.En effet, je désirais enseigner également l’énergétique et la méditation assise, ce que n’inclut pas l’enseignement de BKS Iyengar.

Je souhaitais aussi enseigner le pranayama aux débutants, alors que traditionnellement, BKS Iyengar ne le permet pas.

J’avais envie également de développer ma propre pédagogie, assez éloignée de la façon de transmettre de BKS Iyengar, avec plus d’adaptation aux différentes personnalités.

 Il était important pour moi également d’intégrer dans mes enseignements une pratique de vinyasa très complémentaire.

En effet, le travail statique très représenté dans le yoga Iyengar donne beaucoup de stabilité, restructure le corps tout entier et développe une musculature profonde.

Alors que  le travail d’enchaînements de postures en Vinyasa apporte une très bonne souplesse des muscles et des chaînes de fascias, de l’endurance et un travail sur d’autres groupes de muscles.

J’ai donc gardé la substantifique moelle du yoga Iyengar ®,  tout en me dirigeant vers un yoga plus holistique, plus intégratif, qui me correspond et que j’ai appelé Green Yoga ®

Si vous voulez suivre une formation avec moi , je vous conseille la  formation initiale,  les formations de yoga thérapie ainsi que la Formation de yoga intermédiaire & avancée.    

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