Le yin yoga veut s’opposer à un yoga yang. Mais le yoga est-il yang ? Et, faisant fi des fondements, ne peut-il se révéler dangereux ?
Création relativement récente, puisqu’il date seulement des années 90, le Yin Yoga se propose comme alternative et complément aux pratiques de Yoga plus dynamique et ce, en s’inspirant de la sagesse du Tao, de celle de Patanjali et du Bouddhisme, mais également des dernières avancées scientifiques en matière d’anatomie.
La pratique du yoga est une danse constante entre le yin et le yang, deux faces d’une même pièce. Chaque aspect apporte un équilibre unique et, en tant que passionnée de yoga, je crois fermement que le côté yin doit être exploré aussi profondément que le côté yang.
D’ailleurs, dans mes formations de Green Yoga® thérapie ostéo articulaire et gestion du stress, j’enseigne une forme de Yin yoga que je qualifie souvent de » restauratif « . Toutefois, avouons-le, » yin yoga » a une sonorité plus attrayante. Ainsi, je pourrais, à l’avenir, adopter cette appellation plus couramment !
Mais abordons le vif du sujet :
Qu’est-ce que le Yin yoga ?
Origines et Philosophie
Le yin yoga est une invitation à une pratique plus lente et contemplative. Il trouve ses racines à la fois dans les traditions indiennes et taoïstes. En effet, Paul Grilley, considéré comme l’un de ses initiateurs, avait initialement baptisé sa méthode le » Yoga taoïste « .
La particularité du yin yoga réside dans la durée de tenue des postures, pouvant aller de une à dix minutes.
L’objectif principal est de respirer lentement et profondément.
Il sert à stimuler les tissus conjonctifs profonds comme les fascias, ligaments, tendons, méridiens, et articulations.
Cette approche invite au lâcher-prise, à l’intériorité, et prépare l’esprit à un état de concentration et de méditation profonde. C’est également l’opportunité de définir une intention avant de s’engager dans une posture.
Comprendre l’équilibre entre le yin et le yang
Le yin yoga est souvent présenté comme un complément ou une alternative aux formes de yoga plus dynamiques, jouant sur le contraste entre la passivité du yin et l’activité du yang.
Toutefois, posons-nous la question : le yoga est-il intrinsèquement yang ?
Ce qui est certain, c’est que le yin yoga, bien que relativement récent, s’inspire de la sagesse du Tao, de Patanjali, du Bouddhisme, ainsi que des connaissances actuelles en anatomie.
Prudence et préparation
Tout comme chaque forme de yoga, le yin yoga nécessite attention et respect pour notre corps.
Une chose est essentielle : la sécurité.
Lorsque nous nous engageons dans des postures pendant plusieurs minutes, il est crucial d’utiliser suffisamment de supports pour assurer une pratique sans risque.
Je ne saurais trop insister sur l’importance des supports. En effet, je parle d’expérience, ayant moi-même ressenti de la douleur après avoir été guidée dans des postures prolongées sans le soutien nécessaire.
Je tiens à rappeler que le yin yoga, malgré son apparente simplicité, requiert une connaissance approfondie et une formation solide de la part du professeur.
Paul Grilley lui-même a mentionné :
Yin est un adjectif et pas un nom. Si vous pensez que le style que vous enseignez est le mieux décrit comme » yin « , vous n’avez pas besoin de ma permission pour l’appeler ainsi.
Les intentions peuvent se situer sur divers plans :
- Physique : ouverture du coeur, du bassin …
- Mental ou émotionnel : diminution du stress, de la colère …
- Énergétique : harmonisation des chakras, stimulation de tel ou tel organe …
- Spirituel : développement de l’intuition, connexion au Divin …
Comme chaque posture est longuement maintenue, elle doit rester confortable ; c’est pourquoi chaque personne, en fonction de ses possibilités du moment, devra trouver sa propre limite, et adapter la posture avec des supports divers comme des coussins, couvertures, briques …
Les 3 principes fondamentaux du Yin Yoga
Le yin yoga n’est pas très compliqué théoriquement. Il est constitué de suite de postures, la plupart au sol, que l’on tient longuement, pendant plusieurs minutes, afin d’entrer dans un état de relaxation, de lâcher prise, qui nous mène jusqu’à un état de méditation.
Il faut :
- Trouver la limite où aller pour chaque posture, qui est différente pour chacun, et peut même être différente pour une même personne selon le moment.
- Respirer profondément, garder une attitude calme, afin d’être immobile pendant la tenue de la posture.
- Connaître son corps et être à son écoute ; il faut savoir ne pas être en-deçà de ses capacités, car ce ne sera pas efficace, et ne pas non plus être au-delà, sinon on risque les problèmes physiologiques.
Nous verrons plus loin que c’est là que réside la faiblesse du yin yoga, car la pratique se veut ouverte à tous.
Qui a créé le Yin Yoga, et dans quel but ?
Le yin yoga dit se rapprocher du yoga originel, tel que le décrit Patanjali, avec un nombre très réduit de postures, principalement assises, et dont le but est de favoriser la stabilité du corps, tant physiquement que mentalement.
C’est Paul Grilley
qui a imaginé ce style de yoga, dans les années 1990.
En fait, suite à la lecture du livre de Yogananda, Autobiographie d’un Yogi, il s’était mis, pendant plusieurs années, à pratiquer l’Ashtanga, et le Hot yoga, deux styles de yoga très dynamiques.
Et, à un moment, il se blessa. Ce qui n’est pas un hasard avec ce type de pratiques d’ailleurs, comme je l’explique dans cet article sur le Yoga Bikram.
C’est à la suite de cet incident qu’il eut envie d’une autre forme de pratique, et mit au point le Yin Yoga.
Lui-même s’est inspiré de l’enseignement de Paulie Zink, maître de Monkey kung fu, et créateur du Yin et yang yoga.
Paul Grilley a une excellente connaissance de l’anatomie, et met énormément l’accent sur les particularités anatomiques de chaque personne.
Par exemple, il s’intéresse aux spécificités du squelette qui ont une influence particulière sur l’alignement optimal du corps, dans chacune des postures. Ceci est crucial pour éviter les blessures et pour obtenir un maximum de bienfaits dans sa pratique de yoga.
Quelles étaient ses motivations ?
Paul Grilley méditait de longues heures, et il s’était rendu compte que ses pratiques d’Ashtanga et de Hot yoga ne le préparaient pas à rester assis en méditation sans douleurs diverses.
Il s’est alors servi
- des connaissances traditionnelles de circulation de l’énergie : prana chez les Indiens avec les système de nadis, Chi chez les Chinois avec les méridiens,
- alliées aux récentes connaissances de la médecine occidentale. Ainsi, les équipes des docteurs Hiroshi Moyotama et James Oschman ont exploré la possibilité que le tissu conjonctif (fascias) circulant dans tout le corps fournisse des voies pour les flux d’énergie décrits par les anciens.
L’idée est donc d’étirer le tissu conjonctif, et principalement autour des articulations, où il est très présent.
Le tissu conjonctif est différent du muscle et doit être exercé différemment. Ainsi, au lieu de la contraction rythmique et de la libération qui étire le mieux le muscle, le tissu conjonctif, lui, répond mieux à une charge lente et constante.
Voilà pourquoi la pratique du yin yoga repose sur des postures très longuement tenues, associées à un relâchement des muscles ; en effet,
Si les muscles sont tendus, le tissu conjonctif ne subira pas la stimulation appropriée.
Vous pouvez facilement le comprendre grâce à cet exercice très simple :
Vous tirez doucement sur votre majeur droit, d’abord avec la main droite tendue, puis avec la main détendue.
- Lorsque la main est relâchée, vous sentirez un étirement dans l’articulation où le doigt rejoint la paume.
Le tissu conjonctif qui lie les os ensemble s’étire. - Tandis que lorsque la main est tendue, il y aura peu ou pas de mouvement à travers cette articulation, mais vous sentirez les muscles se contracter contre la traction.
Donc, parce que le Yin Yoga exige que les muscles soient détendus autour du tissu conjonctif que vous souhaitez étirer, toutes les postures de yoga ne peuvent pas être réalisées. Ainsi, les postures debout, les équilibres, les inversions par exemple, ne sont dans ce cas pas appropriées.
Une pratique de yin yoga, destinée à la base, je vous le rappelle, à faciliter la méditation assise, inclut les postures avant, les ouvertures des hanches, les postures arrières et les torsions.
Le yin yoga n’est pas uniquement utile pour pouvoir rester assis plus longtemps
Si le réseau de tissus conjonctifs correspond bien aux méridiens de l’acupuncture et aux nadis du yoga, le renforcement et l’étirement des tissus conjonctifs sont essentiels. En effet, lorsque l’énergie vitale ne circule pas correctement dans notre corps, c’est la porte ouverte à de multiples problèmes de santé.
Mais le yin yoga est-il vraiment bénéfique et sans danger ?
Le yin yoga se présente donc comme une pratique plus méditative, dont l’objectif physique est d’atteindre les tissus profonds du corps tels que les articulations, les fascias, les tendons, les ligaments ou les os …
Mais … comme dans toute pratique de yoga traditionnelle complète !
Le yoga respectant la tradition ne se contente pas de faire travailler superficiellement les muscles. Il a une action profonde sur tous les organes internes, y compris les articulations, les fascias, les tendons, les ligaments ou les os.
Et un yoga bien mené fait également tenir les postures, parfois très longuement ; mais pas immédiatement pour les débutants dès le premier cours, car il est nécessaire d’en acquérir la capacité justement.
C’est là qu’il faut bien considérer les
Conditions de création du yin yoga
Il a été imaginé aux États Unis, en réaction à des pratiques très popularisées n’ayant retenu du yoga qu’une seule de ses composantes : la composante dynamique. Yang.
Sans retenir, ni
- le travail sur la tenue des postures, un pilier du yoga traditionnel.
- le travail sur système nerveux avec le pranayama et la méditation.
Alors la solution est-elle d’imaginer un yoga inversement déséquilibré, ou bien de revenir à la source qui, elle, propose une vision complète, holistique ?
Nous pouvons d’ailleurs percevoir le problème posé par le yin yoga dans son nom même. Il se veut « yin », en opposition au yoga traditionnel qui serait « yang ».
Mais justement, le véritable yoga n’est pas yang.
Il suffit d’étudier les textes traditionnels pour s’apercevoir de sa complexité d’action. Et il est équilibré, lorsqu’on alterne les pratiques dynamiques et les pratiques relaxantes.
Certaines pratiques sont, il est vrai, exclusivement yang, mais on ne peut les considérer comme du yoga en fait.
D’autre part, le yin yoga est présenté comme une pratique facile et accessible à tous, mais est-ce véritablement le cas ?
Le yin yoga propose immédiatement la même pratique pour tous, sans apprentissage nécessaire.
Tout le monde peut entrer dès le premier cours dans cette pratique méditative, en détendant profondément son corps.
Chacun étant différent, chacun va à son rythme :
« Des signaux plus subtils incluent une tension musculaire, un spasme, une sensation de douleur ou un mauvais alignement. Si une posture provoque de tels symptômes, arrêtez-la un moment. »
Paul Grilley.
C’est certain. Et il est certain que Paul Grilley, étant un pratiquant de yoga averti, possédant une parfaite connaissance de la physiologie, décèle immédiatement un mauvais alignement. Mais est-ce vraiment le cas pour tous les élèves débutants ? Le ressenti s’apprend ; sous en sommes souvent dépourvus au début d’une pratique.
Il est très bien de vouloir atteindre les fascias.
Mais, si c’est aux dépens de l’alignement, les tendons peuvent gravement souffrir. Ce qui peut causer de sérieux dommages sur les articulations, ou même sur les os si l’on souffre d’un début d’ostéoporose par exemple, ce qui peut être très grave.
Et, si la posture est fautive, les dommages peuvent être graves précisément parce que la pose est tenue longtemps.
Autrement dit,
Pour qu’un cours de yin yoga soit bénéfique et non dangereux,
il faut
- tout d’abord savoir ce que c’est qu’une mauvaise douleur par rapport à une douleur d’étirement sain.
- et maîtriser son alignement.
Sinon, vous devez choisir un autre style de yoga ! Un yoga qui justement, apprend l’alignement … tout en explorant aussi le côté yin … comme le Green Yoga®, par exemple 😉
En conclusion
Comme toute pratique, le yin yoga a ses spécificités et ses bénéfices.
Si tu es curieux d’explorer cette facette apaisante du yoga, assure-toi de le faire dans un environnement sécurisé, en écoutant ton corps et en cherchant un enseignant qualifié.
Après tout, l’équilibre entre le yin et le yang est au cœur même du yoga !