Le cycle nasal, tu connais ? Savoir l’utiliser permet de se calmer, de régler hyper ou hypotension, de se sortir d’une dépression … entre autres !
Tu l’as sans doute déjà remarqué, chacun d’entre nous respire alternativement plus par une narine que par l’autre. Tu peux faire ce test :
- tu te bouches une narine, tu inspires par l’autre ;
- tu fais la même chose en bouchant l’autre narine.
Ainsi, tu as obligatoirement constaté que l’air passe plus facilement par une narine que par l’autre. Et si tu essaies à un autre moment, tu verras que le processus est inversé.
C’est ce que l’on nomme le cycle nasal.
Sais-tu que ce cycle est lié aux systèmes nerveux sympathique et parasympathique ?
Ceci a été décrit scientifiquement pour la première fois en 1895 par le médecin allemand Richard Kayser. Il avait observé des cycles périodiques de congestion et décongestion qui alternaient entre la narine droite et la narine gauche, que l’on a ensuite appelés « cycle nasal ».
Ce phénomène est très connu dans le milieu scientifique et a fait l’objet de nombreuses études.
Mais il est intéressant de constater que les yogis connaissent ce principe depuis plusieurs millénaires, et l’utilisent pour modifier l’état mental et la température du corps.
Le cycle nasal vu par la science
À tout moment, vous respirez par une narine dominante ; puis quelque temps plus tard, vous passez à l’autre. Cette permutation a lieu toutes les 2 à 2,5 heures (bien que cela puisse varier) et se poursuit de manière rythmée.
Ce rythme change avec le temps pour la plupart des gens.
Il est contrôlé par le système nerveux central.
Le gonflement et la contraction sont liés aux nerfs sympathiques et parasympathiques.
- Nous respirons en permanence par une narine dominante puis, un peu plus tard, nous passons à l’autre.
- Ce basculement a lieu toutes les 2 heures ou 2 heures et demi et se poursuit de manière rythmée, mais ce rythme peut varier.
- Ce cycle est apparemment contrôlé par le système nerveux central.
- La congestion et la décongestion sont reliées au système nerveux sympathique (SNS) et parasympathique (SNP).
Je te rappelle que
- le système nerveux sympathique est notre accélérateur : le responsable du fameux « fight or flight response » (fuir ou se battre), celui qui s’enclenche en cas de stress.
- Le système nerveux parasympathique est notre frein : on se repose, on se répare, on digère …
La plupart des organes du corps (y compris les hémisphères cérébraux) sont innervés par des fibres provenant à la fois du SNS et du SNP.
Il y a aussi beaucoup de nerfs dans le nez :
Nous avons un ensemble de nerfs qui couvrent le côté droit du corps et la narine droite, et l’autre ensemble couvre le côté gauche et la narine gauche.
Les scientifiques ont découvert que ces fibres ont des effets opposés.
Cela signifie qu’à tout moment, vous avez une domination sympathique d’un côté du corps (et respirez principalement par la narine correspondante) et une domination parasympathique de l’autre. Puis quelque temps plus tard, c’est l’inverse.
Tu veux le terme scientifique ? C’est ce qu’on appelle les rythmes ultradiens latéralisés du système nerveux autonome. Classe, non ?
Le cycle nasal est donc un indicateur du basculement qui se produit entre le SNS et le SNP et inversement.
Pourquoi ce cycle nasal est-il important ?
De nombreuses études montrent que le fonctionnement de notre corps est très différent, selon le côté du corps où le SNS domine.
Lorsque le système sympathique est dominant à droite et le système parasympathique à gauche, on a
- Narine droite dominante
- Poumon droit dominant
- Plus grande activité, notamment l’activité locomotrice
- Fréquence cardiaque plus élevée
- Tension artérielle plus haute
- Respiration plus rapide
- Température corporelle plus élevée
- Taux de cortisol plus haut
- Sécrétion de prolactine réduite
- Testostérone plus élevée
- Endorphines plus élevées
Lorsque le système sympathique est dominant à gauche et le système parasympathique à droite, on a au contraire
- Narine gauche dominante
- Poumon gauche dominant
- État général plus au repos, diminution de l’activité locomotrice
- Fréquence cardiaque réduite
- Tension artérielle réduite
- Respiration plus lente
- Température corporelle réduite
- Cortisol réduit
- Sécrétion de prolactine plus élevée
- Testostérone réduite
- Endorphines réduites
Au cours de la journée, nous alternons donc entre des états plus actifs et des états de repos, ce que confirme une hypothèse largement acceptée du BRAC (basic rest-activity cycle : cycle de base repos-activité).
Le cycle nasal vu par les yogis : en avance sur la science
Les Yogis sont arrivés à une découverte similaire il y a plusieurs millénaires, bien qu’ils aient utilisé un langage différent pour décrire cette même réalité :
Notre équilibre énergétique est affecté par le flux d’énergie passant le long de trois canaux principaux : les nadis ida, pingala et sushumna.
- Ida (canal lunaire) refroidit et a une tonalité féminine ; il se termine dans la narine gauche.
- Pingala (canal solaire) chauffe et a une qualité générale masculine; il se termine à la narine droite.
Ainsi, inspirer par une narine mettra l’accent sur les qualités de ce canal ; expirer par cette même narine calmera le canal correspondant. Ce principe est largement utilisé dans un contexte thérapeutique.
- Parfois, il peut y avoir trop de chaleur dans le système : si quelqu’un a des bouffées de chaleur ou se sent énervé, irritable … Cet état peut être amélioré en inspirant par la narine gauche (pour stimuler le canal lunaire) et en expirant par la droite (pour calmer le canal solaire). Cette pratique de pranayama s’appelle Chandra bhedana.
- Au contraire, lorsqu’il n’y a pas assez de chaleur dans le système (membres froids, hypotension artérielle, dépression …), il peut être utile d’inspirer par la narine droite (pour stimuler le canal solaire) et expirer par la gauche (pour calmer le canal lunaire). Cette pratique de pranayama s’appelle Surya bhedana.
Selon la tradition, lorsque deux côtés sont équilibrés, le prana peut entrer par le canal central (le nadi sushumna) et remonter jusqu’en haut du crâne. Alors, vous atteignez l’éveil, samadhi.
Pratique à essayer
Selon la tradition, lorsque l’on inspire par une narine, au lieu de la laisser complètement ouverte, on la presse légèrement juste à côté de la partie osseuse du nez. L’ouverture est alors rétrécie, et il se produit une sorte de vibration à l’inspire.
Nous avons vu plus haut qu’il y avait de nombreuses branches nerveuses du système nerveux autonome dans le nez.
Par conséquent, il est probable que le fait de moduler le souffle passant par une narine était censé mieux stimuler la branche correspondante du système nerveux (SNS ou PNS) et favoriser un effet énergétique plus prononcé. Et cela aide à allonger le cycle respiratoire.
La prochaine fois que tu pratiques une respiration alternée, teste cette technique, c’est une expérience intéressante !
Pour mieux comprendre et maîtriser la respiration :
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