Faut-il suivre les principes de l’ayurveda pour être en santé ?
Ses principes sont-ils compatibles avec ceux d’une alimentation vitalisante ?
Qu’en est-il de la cuisine ayurvédique ? Ses principes sont-ils communs avec ceux de l’hygiénisme ? Quelle est sa position par rapport au cru ?
L’ayurveda
En Ayurveda, de même que dans le plus moderne hygiénisme, l’accumulation des toxines, que l’on appelle « ama » est la cause de toutes les maladies.
Le vocabulaire est différent, mais l’analyse est la même.
Certaines substances ne sont pas complètement digérées, restent donc dans les intestins, où elles putréfient, fermentent, causant divers problèmes.
Les toxines
Des toxines sont produites lorsque le feu digestif, agni, ne peut faire normalement son travail, ce qui peut être provoqué par plusieurs raisons :
- Le feu digestif est trop faible, soit de par notre constitution, soit parce que nous sommes déséquilibrés, soit parce que nous avons trop mangé de manière trop rapprochée, soit parce que nous avons dilué nos sucs digestifs en buvant trop d’eau …
- Les aliments que nous choisissons ne sont pas adaptés ; par exemple, si nous proposons à notre corps des molécules chimiques, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui, il ne peut les reconnaître et donc les assimiler. Ou bien, certaines catégories d’aliments ne sont pas adaptées à la nature humaine.
- Nous faisons de mauvaises associations alimentaires : par exemple, nous mangeons les fruits en fin de repas, ce qui les fait fermenter et putréfier.
- Nous ne mâchons pas suffisamment : la digestion commence dans la bouche, grâce aux enzymes de la salive, qui prédigèrent, notamment les amidons. Ne pas suffisamment mâcher donne donc davantage de travail au système digestif, qui s’épuise ; par exemple, on sur-sollicite la sécrétion de l’acide chlorhydrique par l’estomac, jusqu’à l’épuiser, et induire alors une sous-sécrétion chronique. C’est alors la porte ouverte aux problèmes digestifs.
- Nous mangeons trop rapidement, en nous disputant ou dans une atmosphère bruyante, stressante. Or, le stress ralentit la circulation des enzymes digestifs et perturbe les sécrétions stomacales.
- Nous mangeons trop tard, et commençons notre nuit l’estomac plein. Pendant le sommeil, les fonctions corporelles sont au ralenti, c’est normal, si bien que la nourriture non digérée stagne et fermente.
Toutes ces raisons induisent trop d’ama.
Que se passe-t-il alors ?
En cas de digestion défaillante, ama se stocke d’abord dans les intestins, et perturbe le fonctionnement normal des bactéries avec qui nous vivons en symbiose (le microbiote). Ces bactéries sont la clé de notre bonne santé : elles synthétisent certaines vitamines, jouent un rôle primordial dans notre immunité … Si certaines d’entre elles se mettent à devoir proliférer parce qu’elles doivent éliminer une quantité de déchets anormale, cela créera des effets secondaires problématiques (comme en cas de sur-prolifération de candidas albicans par exemple).
Or, la tradition comme la science actuelle établissent de manière avérée un lien direct entre l’intestin et le cerveau : trop de toxines, une carence en nutriments de qualité influent directement sur le fonctionnement des neurones de l’intestin et ceux du cerveau, ce qui alimente stress, angoisse et dépression.
De plus, lorsque les toxines s’accumulent, les toxines migrent vers le sang et tous les organes qu’il nourrit. Cela peut alors déclencher diverses pathologies comme le diabète, l’arthrite, diverses maladies auto-immunes …
L’ayurveda et le cru
L’ayurveda actuel ne prône pas le cru
Mais l’Ayurveda originel part du principe que l’humain est physiologiquement un animal, avec un système digestif identique à celui des grands primates.
Il est basé sur l’alimentation vivante, les plantes et les nettoyages. Cette alimentation est toujours pratiquée par une petite minorité de la caste des Brahmans Jaïns.
Miguel Barthéléry (Dr en médecine moléculaire et spécialiste de l’alimentation vivante) aborde ce sujet dans son livre co-écrit avec la naturopathe-aromathérapeute Nelly Grosjean, La cure zen détox aromatique.
L’alimentation est considérée comme une alchimie divine ; et la médecine ayurvédique est une pratique de transmutation, de purification, de nettoyage sur tous les plans (karmique, physique, émotionnel …).
L’Ayurveda n’est normalement pas une médecine symptomatique, même aujourd’hui. L’Ayurveda considère l’être humain comme un tout, à considérer et traiter de manière holistique, physiquement, comme psychiquement et spirituellement.
Alors pourquoi ce glissement de l’Ayurveda du cru au cuit ?
Cependant, ne plus manger de riz cuit et de légumineuses en Inde est un divorce social. La médecine ayurvédique s’est donc peu à peu contentée d’alléger les souffrances plutôt que d’en éradiquer la cause première.
En effet, il y a deux solutions :
- soit arrêter les « dysfonctionnements » par des conseils thérapeutiques, nutritionnels, des massages, des plantes ; on soutient alors artificiellement un déséquilibre, un « symptôme », qui est en fait une crise de guérison. Donc vouloir rétablir l’équilibre interne, même grâce à toute une série de protocoles très élaborés et complets, ne règle pas le problème, il le masque.
- soit aider le corps à se nettoyer et à se régénérer, notamment en mangeant en respectant ses besoins physiologiques.
L’Ayurveda actuel a conservé le nettoyage, ce qui est déjà très important mais, influencé par la pression sociale, a peu à peu oublié le principe de l’alimentation vivante, la seule adaptée, qui est la base.
L’équilibre des énergies, un concept commun à l’ayurveda, la MTC et l’hygiénisme
La médecine ayurvédique, comme la médecine traditionnelle chinoise, a comme concept commun d’équilibrer les énergies :
- Le yin (eau) et le yang (feu) de la médecine chinoise
- Le froid / chaud et humide / sec de l’Ayurvéda
Ceci se retrouve dans l’acide/base et l’oxydant/réducteur de la chimie moderne.
Et c’est le même principe que l’on retrouve dans l’opposition entre acides et colles, comme nous avons vu précédemment.
Il faut bien garder en tête que le fonctionnement vital normal engendre en permanence des déchets, acides et colles, que le corps est bien sûr à même de gérer, il est conçu pour.
Mais les problèmes surviennent lorsque les éléments extérieurs apportés -du non adapté et du cuit- ne sont pas appropriés, et génèrent donc des quantités telles de déchets que le corps ne peut plus les traiter : il est débordé, et son n’énergie vitale n’est plus suffisante. C’est alors qu’il stocke sous forme lyophilisée ces éléments qu’il ne reconnaît pas et dont il ne sait que faire.
Au lieu de tenter artificiellement de rétablir un équilibre, par exemple par la science très complexe de la cuisine et de la médecine ayurvédique, la conduite adéquate est de supprimer la cause première du déséquilibre, et donc de manger vivant !
Rappel sur les doshas
Vâta, Pitta et Kâpha sont les 3 doshas, c’est-à-dire les 3 énergies vitales de la médecine ayurvédique. Chaque dosha est la combinaison de deux des 5 éléments, dont l’un est prédominant.
Les doshas influent sur nos processus physiologiques et psychologiques.
En réalité, ces 3 doshas ne sont pas des énergies séparées, mais différents aspects d’une même énergie. Ils se modifient constamment et sont en équilibre permanent les uns par rapport aux autres.
S’ils ne sont plus en équilibre, c’est là que commencent les troubles physiques et psychologiques.
Il faut alors les rééquilibrer pour recouvrer la santé.
Caractéristiques dominantes de Vâta
- Éléments : air et éther (ou espace).
- léger, froid, sec, rugueux, subtil, mobile, clair, dispersant, erratique, astringent.
- Sur le plan de l’individu, ces tendances donnent : créativité, enthousiasme, liberté, générosité, joie, vitalité.
- Sur le plan organique, Vâta est lié à la fonction motrice, les battements du cœur, l’inspiration et l’expiration, la stimulation des sucs digestifs.
Caractéristiques dominantes de Pitta
- Éléments : feu et eau.
- léger, chaud, huileux, tranchant, liquide, aigre et piquant.
- Sur le plan de l’individu, ces tendances donnent : ambition, concentration, confiance, courage, soif de connaissances, bonheur, intelligence.
- Sur le plan organique, Pitta est lié à la digestion et l’assimilation de la nourriture, le maintien de la température du corps, l’éclat des yeux et de la peau.
Caractéristiques dominantes de Kâpha
- Éléments : eau et terre.
- lourd, froid, huileux, lent, visqueux, dense, doux, statique, sucré.
- Sur le plan de l’individu, ces tendances donnent : attention, concentration, com-passion, foi, accomplissement, patience, stabilité, tendresse.
- Sur le plan organique, Kâpha est lié à la douceur du corps, la distribution de la chaleur, la force et l’endurance, le sommeil et la longévité.
Bien sûr, personne n’est un pur Pitta, un pur Kâpha ou un pur Vatta, mais il y a une prédominance.
Mon point de vue
Ces doshas sont un indice sur notre manière de fonctionner.
Une cure ayurvédique peut parfois apporter une aide, notamment pour des organismes faibles ou fatigués, par le rééquilibrage qu’elle apporte. Mais si, en parallèle et ensuite, vous mangez physiologique et majoritairement cru, elle n’en sera que plus efficace, et les doshas s’équilibreront alors naturellement.
Construction intellectuelle vs instinct naturel
En fait, on a mis en place des principes de contrôle, en mangeant ayurvédique, selon les principes de la médecine traditionnelle chinoise, hypotoxique etc…
Ces principes intellectuels sont tous très intéressants, mais n’activent pas le processus naturel.
Ils permettent d’être en assez bonne santé, de maintenir un niveau d’hygiène intérieure correct. Mais au prix d’ajustements sophistiqués, voire ultra sophistiqués, permanents, car la base n’a rien de naturel, elle contrecarre le naturel même.
Cette complexité extrême, notamment en ayurveda, est le signe que ce n’est pas notre nature profonde qui est active : c’est un savoir technique précis, nécessitant de longes années d’apprentissage, qui nous dit que l’on doit manger ceci avec cela, combiné de telle manière etc. La force vive innée est niée et bridée.
Alors qu’en sensoriel, c’est notre odorat et notre goût à tel moment, qui nous disent : « mange ceci plutôt que cela. » Nous sommes conçus pour. C’est obligatoirement infiniment supérieur car il ne s’agit pas d’une construction intellectuelle et / ou culturelle. Pour davantage d’explications, je vous conseille de lire Comment mieux manger pour votre santé ? Quelles sont les étapes ?
En ce domaine, le corps sait infiniment mieux que l’esprit.
Conclusion
Au lieu de tenter de manière terriblement compliquée de rétablir un équilibre, par exemple par la science très complexe de la cuisine et de la médecine ayurvédique, la conduite la plus simple est de supprimer la cause première du déséquilibre : donc de manger équilibré et vivant le plus possible, en adoptant une nourriture physiologique, vitalisante (je vous conseille de lire Une alimentation physiologique Green Yoga ®, qu’est-ce que c’est ?) !
Et ainsi revenir aux principes premiers de l’ayurvéda originel, tels que décrits plus haut.
Guillaume Laugier
Merci, super interressant 😁👏
Nano Langlois
Tellement intéressant, merci 😁
Frédéric Charbonnier
Très intéressant! Surtout pour moi conciliant dans ma pratique Ayurvéda et alimentation vivante.
Alexandra Prokoudine
Rhoooo Valerie, quel article PASSIONNANT ! Merci infiniment, je vais le dévorer plusieurs fois de suite.
Suzie Esparon
Passionnant ! J’ai fait 2 ans de crû, mais trop de pressions avec ma famille, donc je remange cuit et crû et j’utilise le vitaliseur de Marion .