Pratiquez les Mudras, pour apprendre à vous régénérerTemps de lecture : 9 minutes

Faites entrer les mudras dans votre vie quotidienne, ces gestes puissants communs à plusieurs traditions, qui soignent, mènent vers l’illumination.

Si vous avez déjà vu des danses hindoues, vous savez que les mudras en sont indissociables.

C’est un geste symbolique et rituel dans l’hindouisme, elles sont couramment utilisées en yoga, mais dans d’autres pratiques également, comme dans le Shiatsu, le Qi Kong ou d’autres arts martiaux asiatiques comme ceux issus des samouraïs.

Mais qu’est-ce qu’une mudra au juste, quelles en sont les pouvoirs ? Pourquoi ce geste symbolique est-il présent dans l’hindouisme, mais aussi dans le jaïnisme, le bouddhisme, et même aussi le christianisme ? L’interpénétration des cultures ne date pas d’aujourd’hui !

Qu’est-ce qu’une mudra ?

« Mudra » est un mot sanscrit signifiant « sceau, marque, geste ». Certaines mudras concernent tout le corps, mais la plupart sont exécutées avec les mains et les doigts, c’est ce que l’on nomme les hasta mudras, les mudras des mains. 

Je fais une rapide mise au point : oui, mudra en sanskrit est bien un nom féminin.

Mais les enseignements du yoga sont en principe passés par l’anglais avant de nous parvenir et, comme vous le savez, l’anglais n’a pas de genre pour les noms ; du coup, mudra féminin a perdu son genre en passant par l’anglais, et est revenu en français en ayant souvent changé de genre, tout simplement par erreur de traduction due à un manque de retour aux sources !

Une mudrā est un geste spirituel, un sceau énergétique qui permet d’unir le corps à l’esprit, la matière à l’éther, le bas et le haut. Elle permet une meilleure circulation de l’énergie.

Les rishis, les yogis, les médecins ayurvédiques ont établi des correspondances entre ces gestes sacrés et le fonctionnement humain, tant énergétique que physique. La science des mudras a plusieurs millénaires d’ancienneté : les mudras sont mentionnées dès les Védas.

Tout n’est qu’énergie, nous-mêmes ne sommes qu’énergie, la science actuelle le sait bien maintenant. Nous sommes un flot d’énergie, et il suffit qu’un blocage survienne, que la circulation devienne disharmonieuse, pour que nous nous sentions mal, émotionnellement comme physiquement, les deux étant liés.

Statue de Bouddha au Wat Mahathat, Thaïlande

Comment agir sur cette énergie ?

Comment rétablir une circulation harmonieuse ? Et comment tonifier une zone ou un organe trop faibles, ou au contraire libérer une zone ou organe trop chargés ?

En posant une dérivation, comme en électricité !

En utilisant des gestes spécifiques que sont justement les mudras. Notre destin repose dans nos mains, cette expression est à prendre ici au sens propre ! Ce qui est bien, c’est que cette technique est très simple et accessible à tous.

En hatha yoga, les mudras sont utilisées conjointement avec le pranayama, généralement en position assise, pour stimuler différentes parties du corps impliquées dans la respiration et pour influer sur le flux de prana. 

Mais l’utilisation des mudras peut sortir de votre pratique de yoga. Vous pouvez les pratiquer assis, couché, en marchant … en étant détendu et en respirant calmement par le nez.

La carte énergétique du corps

Les Indiens mais aussi les Chinois ont établi cette carte depuis fort longtemps.

Notre corps est parcouru de canaux d’énergies, que les indiens nomment nadis, les Chinois méridiens. Et c’est à la surface des pieds et des mains que ces canaux subtils aboutissent.

Les mains sont un puissant transmetteur et capteur énergie, toutes les religions ou pratiques spirituelles le savent.

L’exposé précis en serait très long, mais nous pouvons retenir quelques principes.

Chaque organe est relié à un méridien spécifique, qui conduit l’énergie partant ou arrivant dans chacun de nos doigts

La médecine ayurvédique comme la médecine chinoise l’ont développé.

Dans le système taoïste, chaque doigt correspond à  la terminaison d’un réseau subtil, relié aux cinq principaux organes internes. 

On peut faire la correspondance avec le système tantrique, qui s’exprime dans les mudras de guérison. Chaque doigt est vecteur d’une certaine force qualitative, qui s’intègre dans le système des cinq éléments. 

Mantak Chia, dans son livre Stimulez votre énergie vitale, explique comment les doigts correspondent à des émotions, à des éléments et à des organes.

L’énergétique chinoise est bien sûr très complexe, ce tableau ne peut que constituer un très bref résumé ; mais il vous indique les principaux champs émotionnels que la pratique des mudras peut équilibrer.

Chaque doigt est lié à un élément :

Selon Swami Satyananda :

« Les mudras développent la conscience des courants praniques à l’intérieur du corps subtil. ».

Les mudras sont universelles

Nous pourrions bien davantage développer, mais nous savons que la science des mudras est partagée par l’Orient, tant chez les Indiens, que chez les Chinois ou les Japonais.

Ce que l’on sait moins, c’est que les mudras font également partie du Christianisme.

Dans de multiples tableaux, le Christ ou ses disciples sont représentés effectuant des mudras.

C’est que l’influence mutuelle et l’interpénétration des différentes traditions, cultures, n’a pas attendu notre monde moderne pour exister, des brassages mutuellement enrichissants ont toujours eu lieu. 

Les traditions monastiques bouddhistes se sont donc infiltrées, ont influencé les pratiques de l’Église orientale (souvenons nous que le Christ, malgré l’iconographie classique, est bel et bien un oriental).

Si bien que les mudras ont également été représentées dans l’art chrétien : dans les icônes, mosaïques, statues, peintures …

La signification symbolique de Salvator Mundi, de Léonard de Vinci

Bibhudev Misra en fait l’analyse dans un article intitulé « Yoga Mudras in Orthodox Christian Art : Does it indicate a Hindu-Buddhist Influence ? , dont on parle dans cet article de The Wire.

Lorsque nous avons connaissance de l’art des mudras, le geste de la main droite de Jésus dans Salvator Mundi de Vinci révèle toute sa pertinence.

Ce n’est pas une simple bénédiction, il s’agit d’ardhapataka mudra, qui est un signe de protection et un geste pour dissiper les éléments indésirables de la vie.

La signification symbolique de Salvator Mundi devient donc claire : Jésus-Christ, par son geste de la main droite, indique que la Terre, le monde ou l’univers -représenté par le globe de cristal dans sa main gauche- va être sauvée de la calamité, du mal et les ténèbres.

Cette photo est tirée de l’article de Misra où le Christ – dans une mosaïque de Ravenne, en Italie – semble faire ardhapataka mudra, comme le Bouddha sculpté à droite.

Dans l’art du Moyen Âge, Jésus est souvent représenté avec une main réalisant une mudra.

Il ne fait aucun doute qu’une fertilisation croisée des idées et des pratiques s’est produite dans le monde antique, qui était aussi ouvert aux influences transculturelles que notre monde moderne.

Quelques exemples de mudras

À l’origine, il existait neuf mudras, dites les mudras de Bouddha, destinées à aider la pratique méditative. Aujourd’hui, sous l’influence des danseurs indiens et des yogis, on en compte plus de cent.

Ne vous éparpillez pas, ne les essayez pas toutes en même temps ; choisissez en une ou deux, que vous pratiquerez pendant 21 jours, pour les apprivoiser, et en ressentir progressivement les effets. Soyez souples, ne vous tendez pas en attendant désespérément des résultats, dont la rapidité peut varier d’une personne à l’autre.

Plus vous serez ouverts et moins vous serez exigeants dans vos attentes, plus vite les bienfaits se feront sentir.

Gyan ou Jnana mudra et Chin mudra

C’est sans doute la mudra la plus connue, même des personnes ne pratiquant ni yoga ni méditation. Le but de cette mudra est d’améliorer votre concentration et d’aiguiser votre mémoire. C’est une excellente mudra à utiliser pour acquérir des connaissances.

Le pouce représente Brahman et l’index Atman, l’Âme universelle et l’Âme individuelle. Le pouce et l’index fortement un cercle, l’énergie circule à l’intérieur sans en sortir.

Technique : Vous placez votre l’index sur le bout de votre pouce, tout en maintenant vos trois autres doigts droits mais détendus.

• Paume tournée vers le ciel : appel à la compréhension de l’Univers ; on l’appelle alors Gyan ou Jnana mudra.
• Paume tournée vers la terre : appel à la compréhension du Soi ; on l’appelle alors Chin mudra.

Shuni ou Shunya mudra

Cette mudra est utilisée pour améliorer l’intuition, la vigilance et les pouvoirs sensoriels. Elle purifie également vos émotions et vos pensées, calme le mental.

Personnellement, j’adore l’utiliser lorsque je médite.

Technique : Vous faites se toucher votre majeur et votre pouce, tout en maintenant les trois autres doigts détendus.

Dhyani ou Dhyana mudra

Bouddha est souvent représenté faisant cette mudra. Cette mudra vous amène à une concentration plus profonde, peut vous aider à atteindre tranquillité et  paix intérieures.

Technique : Pour faire le Dhyana mudra, asseyez-vous avec vos mains paumes vers le haut, la main droite posée sur la paume gauche. La main droite, qui représente l’illumination et les facultés spirituelles supérieures, repose sur la main gauche, qui représente le monde de Maya, ou l’illusion.

Les deux pouces peuvent se toucher : ils représentent l’Âme Universelle, et se joignent pour faire circuler l’Énergie ; alors, la forme d’une coupole vide incite à méditer sur le vide.

Surya ou Muladhara ou Prithvi mudra

Cette mudra est destinée à augmenter l’élément solaire / feu dans le corps, ce qui améliore le métabolisme et la digestion (donc aide à l’amincissement). Elle est également utile pour réduire la lourdeur corporelle et prévenir les rhumes, car elle augmente la température corporelle.

C’est une mudra très intéressante, la mudra de l’effort ; on l’appelle parfois « mudra des trois lieues ». Elle permet de développer une force et une résistance plus grande, et la récupération du souffle sera plus rapide également. 

Si, lors d’une randonnée par exemple, vous savez que vous allez avoir un effort soutenu à produire, vous pratiquez cette mudra 5-10 minutes avant (avec les deux mains), et vous la gardez pendant tout le temps de l’activité intense.

Technique : pliez votre annulaire à la base de votre pouce pour que votre pouce touche l’articulation de l’annulaire. Gardez les autres doigts détendus sans stresser la main.

Atmanjali mudra

Cette mudra lie nos parties spirituelle et matérielle, l’énergie solaire et lunaire.

Ce geste scelle l’énergie du corps et du divin ; et le fait de joindre les mains sur le chakra du coeur apporte paix et amour.

Dans plusieurs pays d’Asie, c’est la mudra de salutation, de demande, de remerciement, le fameux « namaste » du Népal par exemple.

Technique : vous joignez les doigts de vos deux mains et faites appuyez vos pouces au niveau du chakra du coeur.

Buddhi mudra

Cette mudra aide à obtenir davantage de clarté mentale.

L’un des avantages les plus puissants de cette mudra réside dans l’amélioration de la communication, interne comme externe. Autrement dit, il est intéressant d’effectuer ce geste lorsque l’on doit comprendre les messages intuitifs de notre subconscient (des rêves ou des méditations qui vous interpellent) ou bien lorsque l’on veut communiquer avec des êtres d’une autre dimension.

Technique : Vous faites se toucher votre pouce et votre l’auriculaire, tout en maintenant vos trois autres doigts droits.

Prana mudra

Le Prana mudra est l’une des mudras les plus importantes car elle active l’énergie endormie du corps. Cette mudra aidera à réveiller et animer votre prana, la force vitale vitale de tous les êtres vivants, et à vous mettre davantage en phase avec le prana qui vous entoure.

Technique : Touchez vos annulaire et auriculaire avec votre pouce, tout en maintenant les deux autres doigts droits.

Ganesha mudra

Ganesh, chez les Hindous, est le dieu qui supprime les obstacles. 

De même, cette mudra est idéale pour vous soulager de tous les types d’obstacles dans votre vie. Elle peut vous aider à retrouver positivité et courage lorsque vous traversez des moments difficiles ; et cette mudra travaille sur l’ouverture d’Anahata, le chakra du coeur, donc sur votre capacité à donner et recevoir de l’amour.

Outre les avantages mentaux et spirituels sur le chakra du cœur, le mouvement de traction est également bénéfique pour les muscles cardiaques et pour se libérer des tensions dans cette partie du corps.

Technique : Placez votre main gauche devant votre poitrine, paume de la main tournée vers l’extérieur et pouce en bas. Ensuite, placez votre main droite devant votre main gauche, paume droite face à votre paume gauche. Verrouillez vos doigts ensemble, en les tenant dans une position à demi courbée comme une griffe.

Au cours de votre méditation, inspirez profondément en tenant vos mains dans ce geste, puis tirez vers l’extérieur sur vos mains (donc chacune tire dans un sens opposé) pendant que vous expirez, sans déverrouiller vos doigts. Répétez ce mouvement jusqu’à six fois, puis inversez le geste (c’est-à-dire placez votre main droite devant votre poitrine, face vers l’extérieur, le pouce vers le bas). Assurez-vous d’effectuer ce mudra le même nombre de fois dans chaque direction pour maintenir l’équilibre du tirage.

Rudra mudra

Cette mudra, qui travaille sur vos capacités de transformation internes, est souvent associé à Shiva. 

Le mot Rudra signifie «seigneur» en sanscrit, ce qui convient à ce geste, car les principaux bénéfices touchent votre centre de pouvoir personnel : le plexus solaire. 

On dit que cela améliore la clarté et la concentration de la pensée. Cette mudra est souvent prescrite aux personnes souffrant de vertiges, d’épuisement et de tensions chroniques. Vous pouvez utiliser la Rudra mudra pour dynamiser votre corps physique et vous permettre d’atteindre vos plus hauts objectifs, votre plein potentiel.

Technique : connectez votre pouce à votre index et à l’annulaire, tout en gardant vos deux autres doigts aussi droits que possible.

Belle pratique de mudras à vous tous ! 

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